Travail domestique : les filles subissent des traitements dégradantsTravail domestique : les filles subissent des traitements dégradants

User icon Par Ibrahim Adam

Les filles de ménage traversent un véritable chemin de croix pour survivre. Elles sont pour la plupart sujettes aux traitements dégradants et inhumains dans l’exercice de leur métier.

Dans le but de gagner leur pain quotidien, certaines filles quittent les différentes provinces de la partie méridionale pour rallier la capitale. A N’Djaména elles surmontent de nombreuses difficultés pour avoir un emploi domestique. Elles font tout à la fois. Garder les enfants, laver les habits, faire la cuisine etc. Ce travail se fait sous une forte pression de leurs employeurs. Le cas précis de Angèle B, âgée de 14 ans est plus pitoyable. Cette dernière a été envoyée par son propre père depuis le village dans le but de regagner une famille à N’Djamena. Mais malheureusement, elle ne subit que des horreurs dans sa famille d’accueil. D’après les témoignages de la victime, chaque fin de mois, son salaire est transféré à son père au village sans qu’elle ne se rende compte. « J’étais tout le temps battue par ma patronne, même pour avoir cassé un verre ou une assiette. On m’interdit de sortir. Je travaille, mais je ne gagne pas mon salaire. C’est mon père qui le perçoit. Parce que, c’est lui qui m’a trouvé ce travail », raconte-t-elle avec larmes aux yeux. Avant de poursuivre que tout est ficelé  entre ses parents biologiques et sa patronne depuis son village situé dans la province de la Tandjilé. Elle, la concernée ignore les termes de ce contrat, mais arrivée à N’Djamena, elle est soumise à un traitement indescriptible.

Le cas d’Angèle B n’est que la partie visible de l’iceberg. Nombreuses sont celles qui sont à son âge qui supportent des bastonnades, les viols sexuels, etc. de la part de leurs employeurs ou de leurs enfants. Certaines d’entre elles contractent sur leurs chemins des grossesses non désirées. Témoignage de Tapita, une victime. « Je travaille dans une famille au quartier Bololo, dans le 3ème arrondissement de la ville de N’djamena, du lundi au samedi. Compte tenu de la distance entre là où j’habite et mon lieu de travail, je dors là et on me paye 25.000FCFA comme salaire. Mais, très souvent les enfants de mon patron abusent de moi. Parfois, ils m’obligent à avoir de relation sexuelle avec eux et si je refuse, ils me menacent » se lamente la jeune demoiselle. Elle affirme par la suite que, c’est à cause de ce viol à répétition, qu’elle a fini par contracter une grossesse dont elle  a avortée par la suite.

Solange une domestique apporte aussi sa version des faits. « Pour un rien, ma patronne me gifle chaque fois. Un jour, elle m’a accusé d’avoir volé son argent. A cause de ça, ses garçons m’ont attaché pour me fouetter pendant deux jours», regrette Solange.

La justification d’un avocat

Ce secteur est particulièrement obscur voir négligé par l’Etat et les abus à l’encontre de ces filles domestiques sont fréquents. « Au Tchad, il existe certes une loi qui défend le travail des mineures, les violences corporelles et les conditions de travail. Mais, il faut également créer une agence étatique chargée de les former, les orienter et les apprendre à connaître leurs droits et devoirs afin qu’elles ne puissent pas être marginalisées », Informe Me Raby Mbaiadoum avocat au barreau du Tchad. Selon lui, même si aujourd’hui, certaines filles travaillent dans une famille « gentille », elles travaillent pendant plusieurs heures sous les coups de fouet en exécutant plusieurs travaux à la fois. Inutile de parler de primes et autres avantages pour ces domestiques. En plus du manque de législation encadrant le travail de ces filles de ménage, la plupart d’entre elles, sont analphabètes et issues de milieux défavorisés.  C’est ainsi qu’elles sont mal informées sur leur droit, mais aussi mal organisées.