Tchad : Les enseignants vacataires peinent à joindre les deux bouts pendant les vacancesTchad : Les enseignants vacataires peinent à joindre les deux bouts pendant les vacances

User icon Par Ahmat Moussa Adoum

Au Tchad, faute d’intégration à la Fonction Publique, les jeunes professionnels de l’éducation assurent la vacation dans les établissements d’enseignement privé. Bien qu’ils ne soient pas traités convenablement, ces derniers sont obligés de s’accrocher à cette activité pour espérer joindre les deux bouts.

Très respectés au moment des cours et durant toute l’année scolaire, les enseignants vacataires sont abandonnés à leur triste sort pendant les vacances. Ils se lancent donc dans d’autres corps de métier pour subvenir à leurs besoins. Beaucoup d’entre eux se transforment en coiffeur, clandoman et bien d’autres. Une frange parmi eux s’organisent pour organiser les cours d’été pour espérer gagner quelque chose afin de ne pas croupir dans la misère pendant ce temps de vacances.

Cette situation qu’ils traversent chaque année les met souvent en conflit avec les bailleurs pour ceux qui vivent en location d’une part, et d’autre part ils n’arrivent même pas à satisfaire les besoins les plus élémentaires de leurs familles.

Un de ces enseignants que nous avons interrogé et qui souhaitent garder l’anonymat, nous dit qu’ils sont tout simplement à la merci de Dieu, et donc ils sont obligés de mettre de côté leur casquette d’enseignants pour entreprendre dans les petits métiers qui leur permettent d’avoir des sous pour subvenir à leurs besoins.

«Je suis un enseignant des mathématiques, à peine les cours terminés, je me retrouve comme un clandoman juste pour subvenir aux besoins de ma famille», nous dit-il avec humour.

Pour un autre, titulaire d’une licence en Lettres, qui, actuellement exerce dans un salon de coiffure, «Moi j’ai la chance d’exercer ce métier en parallèle quand j’enseignais, ça m’apporte beaucoup et j’arrive à me satisfaire» martèle-t-il.

Fred, professeur des mathématiques et d’informatique que nous avons rencontré dans un cybercafé, nous confie qu’il se débrouille là dans le but de trouver de quoi manger pour sa famille. Il dénonce l’incapacité de l’Etat qui n’arrive pas à les intégrer à la Fonction Publique.

« On a choisi l’enseignement, c’est pour transmettre ce qu’on a appris à nos jeunes frères et c’est parce que c’est aussi un métier très noble mais la situation dans laquelle nous les enseignants vacataires nous nous trouvons, je regrette d’avoir fait ce choix » se lamente-t-il.

Il ajoute par ailleurs qu’avec la promesse du PCMT d’intégrer 5 000 jeunes à là fonction publique, il prie d’être parmi ces heureux élus dans le cas contraire, il menace d’abandonner l’enseignement pour se consacrer complètement à son CyberCafé. Il exhorte aussi le PCMT à trouver une solution concrète aux enseignants vacataires.

Les enseignants vacataires deviennent l’ombre d’eux-mêmes pendant les vacances. Sollicités de gauche à droite par des responsables des établissements publics et privés et les parents d’élèves, cette catégorie d’enseignants éprouve beaucoup de difficultés pendant les vacances.

Pour ce faire le Gouvernement par le biais des ministères de l’éducation et de la fonction publique, est interpellé pour intégrer à la fonction publique ces professionnels de l’éducation pour redynamiser notre système éducatif qui souffre de plusieurs maux.

Pansi Crépin Karbo (Stagiaire)