Situation politique du Tchad : le député Salibou Garba tire à boulet rouge sur les autorités de transitionSituation politique du Tchad : le député Salibou Garba tire à boulet rouge sur les autorités de transition

User icon Par Ibrahim Adam

Après plusieurs mois à l’extérieur du pays pour des raisons de santé, le député Salibou Garba, président du parti Alliance Nationale pour la Démocratie et le Développement (AND) est de retour au pays. Ce jeudi 5 août 2021, il a animé une conférence de presse pour parler de la situation politique actuelle du Tchad, devant un parterre de journalistes de différents organes et des présidents et secrétaires généraux des partis politiques de l’opposition.

A l’annonce de la vacance du pouvoir au sommet de l’Etat, dit-il, son parti a adressé une contribution relative à la mise en place d’une transition compatible avec la Constitution et tenant compte des contingences du moment. Malheureusement, regrette-t-il, la junte au pouvoir n’a pas voulu respecter les institutions de la République. « Ce qui s’est passé avec la prise du pouvoir par le Conseil Militaire de Transition (CMT) est clairement un coup d’Etat militaire, pas moins », déclare Salibou Garba. Pour lui, on aura beau épiloguer ou tenter de jongler sur la particularité tchadienne, il s’est bien agi d’une prise de pouvoir par un moyen non constitutionnel, à moins, dit-il, de vouloir nous faire admettre que les concepts de droit et de démocratie peuvent être tropicalisés.
Ainsi, devant l’impossibilité d’organiser une élection présidentielle dans les délais constitutionnels, selon le président de l’Alliance Nationale pour la Démocratie et le Développement (AND), deux phases devraient être considérées. La première, qui est celle de l’intérim, tel que prévue par la Constitution, est dirigée par le président de l’Assemblée nationale ou le vice-président en cas d’indisponibilité du titulaire qui se décharge alors de toutes ses responsabilités et prérogatives. « Le premier responsable de l’Assemblée nationale identifiée pourrait s’appuyer sur un organe politique et un organe chargé de la défense et de la sécurité pour tenir compte du contexte. Cette première phase, outre la gestion des affaires courantes, devrait être consacrée à la préparation de l’après période d’intérim », estime Salibou Garba. Et de poursuivre que la deuxième phase est celle de la transition à laquelle seules les forces vives peuvent conférer la légitimité d’où la nécessité absolue d’une rencontre suffisamment représentative de ces forces. « Mais on a préféré mettre la loi de côté, mettre la charrue avant le bœuf. Situation pour la moins abracadabrante, entraînant toutes les acrobaties actuelles pour déterminer la dénomination, la forme, la liste des participants, le contenu et les prérogatives de cette rencontre de légitimation de la transition », constate-t-il.

La vision de la transition apaisée, inclusive et consensuelle de l’AND

Pour le président de l’AND, pour parler d’une transition apaisée, inclusive et consensuelle, il faut l’implication de toutes les composantes des forces vives du pays, celles qui agissent et impactent le fonctionnement de l’Etat et de tous les protagonistes sans violences politiques et sociales et ne pas exclure les politico-militaires sous aucun prétexte. Aussi, de veiller à ce que tout ce qui sera fait au cours de cette période ait l’assentiment de toutes ces composantes, qu’il s’agisse de la feuille de route ou des institutions en charge de l’exécution de la transition. « Des subterfuges et des faux-fuyants, pour conserver le pouvoir ou l’arracher de façon malicieuse, nous conduiront inéluctablement à des scènes de violence, voire au chaos. Les éclats de voix que nous entendons çà et là indiquent clairement que les risques d’embrasement du pays et du chaos ne sont pas une simple vue de l’esprit de quelques oiseaux de mauvais augure », prévient Salibou Garba.

En ce qui concerne la charte de la transition, le président de l’AND rappelle qu’elle comporte de nombreuses lacunes car l’on note l’absence de la définition de l’autorité qui a approuvé et adopté dans le préambule. « L’absence de cette mention confirme que c’était bel et bien un coup d’Etat militaire qui a été perpétré », accuse-t-il. S’agissant de la durée de la transition, pour le député Salibou Garba, on ne peut la déterminer de façon pertinente qu’en considération de la feuille de route qui devrait elle aussi être d’un consensus, issu de ces assises que tout le monde attend. « Encore, faudra-t-il qu’il n’y ait pas de manœuvres dilatoires, de provocations gratuites de crises ou de palabres stériles. Mettre plus de quatre mois pour entamer la mise en place de la commission préparatoire de la conférence, c’est manifestement ne pas faire preuve de diligence. C’est tout simplement sidérant », constate le président de l’AND.
Enfin, s’agissant du dialogue national inclusif, Salibou Garbou estime que compte tenu de son importance pour l’avenir du Tchad, sa préparation doit faire l’objet d’attention toute particulière. « On ne comprend pas non plus le quota accordé au Conseil National de Transition (CNT) qui n’existe pas ! Il est donc absolument clair que leur participation est de nature à fausser les consensus et les prises dé décision. On ne ruse pas avec le sort de tout un peuple pour la sauvegarde ou la conquête des intérêts personnels ou de petits groupes », s’indigne Salibou Garba.

Sabre Na-ideyam