
L’opération de révision du fichier électoral lancée depuis le 1er octobre 2020 sur toute l’étendue du territoire national est émaillée de nombreuses difficultés. Manque d’engouement de la population à se faire recenser et d’autres dysfonctionnements entachent l’opération.
A N’Djaména, les sites retenus pour l’enrôlement des électeurs ne grouillent pas de monde depuis le lancement des opérations par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). A certains endroits, les agents recenseurs tournent le pouce. Les potentiels électeurs arrivent à compte goutte. Il y a des sites qui n’enregistrent que 10 à 20 personnes par jour. Ajoutés à cela, les problèmes techniques. Dans les quartiers périphériques de la capitale tchadienne, par manque d’électricité (coupure ou non câblage), ce sont les groupes électrogènes qui font fonctionner les machines. Malheureusement, ces groupes électrogènes tombent de temps à autre en panne et parfois, il n’ya pas de carburant pour démarrer lesdits groupes électrogène. Ce qui ralentit aussi le travail, nous renseigne un agent recenseur. « On passe parfois une journée sans rien faire à cause d’une panne ou par manque de carburant », souffle un agent au quartier Gassi. Autre fait constaté sur le terrain, certains agents ne maîtrisent pas les kits biométriques et donc ils doivent passer 10 à 30 minutes voire un peu plus pour enregistrer une personne. Tous ces écueils risquent de plomber ces opérations qui sont censées prendre fin dans sept (7) jours (Ndlr, d’ici le 20 octobre 2020) selon le chronogramme de la CENI. « Je ne suis pas au courant qu’il y a un recensement électoral qui est lancé. Moi, je sors tous les matins pour mes occupations au marché donc je ne suis pas informée », justifie une dame à sa sortie d’une église le dimanche 11 octobre dernier au quartier Amabatta, dans le 7ème arrondissement. « Je ne veux pas voter donc je ne peux m’inscrire sur la liste électorale. Même si je me fais recenser pour voter, il n’y aura aucun changement donc c’est mieux de garder ma position », explique un jeune étudiant la vingtaine révolue, son désintéressement.
Le vote, un devoir civique
« Un citoyen normal doit accomplir son devoir civique. C’est pourquoi vous me voyez ici pour me faire recenser et attendre le jour du vote. Je veux le changement et cela doit se faire par les urnes », rappelle un autre jeune qui attend de se faire enrôler au quartier Gassi. Beaucoup de personnes font le tour de leur quartier à la recherche des agents recenseurs. « Je ne sais pas là où se déroule le recensement. Je suis allé chez notre chef de carré mais il dit que son site n’est pas retenu. Je pars dans les écoles mais rien. Je vais continuer à me renseigner. On ne nous oriente pas sur les lieux », déplore une jeune dame du carré 24 à Atrone.
La situation dans les provinces
Des informations glanées dans certaines localités du pays font état de la lenteur depuis le début des opérations. « Les agents recenseurs déployés dans notre zone ne maîtrisent pas l’outil informatique. En cette saison, tout le monde est aux champs. Les routes sont impraticables et ne permettent pas à ces agents de descendre dans les zones reculées. La population n’est pas informée qu’il y a un recensement électoral qui se passe en ce moment. Il y a un déficit de sensibilisation », nous informe un enseignant en poste dans la Province du Mandoul. Dans le Logone Oriental, certains chefs de villages disent n’avoir pas encore vu les agents recenseurs passer depuis le début du recensement. « Il y a une délégation départementale du MPS qui est passée avec quelques véhicules. Mais on ne nous a rien dit sur le recensement. Comme on n’est pas bien informé sur le recensement, on ne sait pas ce qu’on va dire à nos populations à ce sujet », déplore un chef de village dans le département de Kouh Ouest (Logone Oriental) que nous avons joint au téléphone. D’autres révèlent que plusieurs kits envoyés dans les provinces sont tombés en panne et d’autres volés.
Gédéon N.Wala