Que peut-on espérer du Sommet sur les économies africaines ?Que peut-on espérer du Sommet sur les économies africaines ?

User icon Par Ibrahim Adam

Le Président de la République Emmanuel Macron a accueilli le Sommet sur le financement des économies africaines au Grand Palais Éphémère, à Paris, le 18 mai dernier. Une trentaine de chefs d’État et de Gouvernement ainsi que des dirigeants d’organisations internationales ont participé. Ce Sommet en faveur d’une mobilisation de la communauté internationale pour affronter les conséquences de la crise sanitaire et économique causée en Afrique par la pandémie.

Sur le plan sanitaire, le continent africain a jusqu’ici été relativement épargné par la pandémie de Covid-19, engendrant officiellement quelque 130 000 morts au total, sans commune mesure avec les bilans funestes parmi les populations américaines (Etats-Unis: 584 000 morts, Brésil: 430 000 morts), européennes (France: 107 000 morts et Royaume-Uni: 127 000 morts) et maintenant asiatiques (Inde: 262 000 morts). Toutefois, sur le plan économique, le continent subit de plein fouet le ralentissement commercial et financier mondial. D’autant plus qu’à la différence de l’Europe ou des Etats-Unis, l’Afrique n’a pas bénéficié de plans de relance chiffrés à plusieurs centaines voire milliers de milliards de dollars de la part de banques centrales. « Le choc économique y est plus fort qu’ailleurs parce que l’économie africaine est très dépendante des échanges extérieurs et le choc de la pandémie la frappe encore plus que d’autres. […] Les besoins de financement de l’Afrique sont estimés à 400 milliards de dollars [selon le Fonds Monétaire International], ce qui est très important », qui a motivé le gouvernement français.

Ainsi, les cinq zones de l’Afrique ont été représentées mardi en présentiel par leurs chefs d’Etat : le nord avec la Tunisie et l’Egypte, l’ouest avec le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Ghana, le Mali, le Nigeria, la Mauritanie et le Sénégal, l’est avec le Soudan et l’Ethiopie, l’Afrique centrale avec la République démocratique du Congo et le Rwanda, et l’Afrique australe avec l’Angola et le Mozambique. La Chine, pourtant premier créancier bilatéral de l’Afrique selon le Trésor Public, n’est présente que par visioconférence, sans Xi Jinping. Les premiers ministres espagnols, italiens et portugais ont aussi le déplacement avec le président du Conseil européen, Charles Michel, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen et le Haut représentant pour la politique étrangère, Josep Borrell. Les directeurs d’institutions financières internationales, très présentes en Afrique, comme le FMI, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement étaient aussi autour de la table des négociations.

Les conférenciers apellent à décider rapidement d’une allocation générale de droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, d’un montant sans précédent (650 milliards de dollars), et à la mettre en œuvre dans les meilleurs délais, ce qui devrait permettre d’accroître les réserves des pays africains de 33 milliards de dollars. Ils demandent instamment aux pays d’utiliser ces nouvelles ressources de manière transparente et efficace. Dans cette déclaration commune, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont dit déterminés à accroître considérablement l’impact en Afrique, du prêt de DTS au Fonds fiduciaire FRPC ; en s’appuyant sur la révision en cours du financement et des politiques concessionnels du FMI. Le FMI estime que ses prêts aux pays à faible revenu pourraient être substantiels sur la période 2021-2025. Les options pour garantir la pérennité du compte de subvention du Fonds fiduciaire FRPC, qui permet des prêts à taux zéro ou à taux concessionnel sont en étude ; une série d’options supplémentaires, avec le FMI, la Banque mondiale et d’autres BMD, pour prêter des DTS en vue de soutenir la relance verte, résiliente et inclusive des membres du FMI, au sortir de la pandémie, conformément aux Objectifs de développement durable (ODD).