Préparatifs de la fête de Ramadan : les fonctionnaires fondent leur espoir sur le paiement de salaire par anticipation pour fêterPréparatifs de la fête de Ramadan : les fonctionnaires fondent leur espoir sur le paiement de salaire par anticipation pour fêter

User icon Par Ibrahim Adam

Le Tchad, dont plus de 50% de la population est musulmane, va célébrer d’ici 24 heures à 48 heures, une des fêtes la plus importante pour la communauté islamique : Aïd-el-Fitr ou la fête du ramadan. Mais cette édition 2021 a dû composer avec Coronavirus, qui, sans jouer les trouble-fête, a eu d’importantes répercussions sur la préparation mais aussi la célébration de la journée. Comme les années précédentes, les prix du précieux mouton pour le sacrifice ne cessent de flamber sur les marchés de la capitale malgré la Covid-19 qui empêche l’exportation.

A quelques deux ou trois jours de la fête de ramadan, les clients se bousculent dans les différents marchés à bétail de la capitale tchadienne, comme d’habitude à la veille de la fête d’Aïd el-fitr. Au marché à bétail de Karkandjié, comme dans les autres marchés de N’Djaména, les prix des moutons varient selon leur provenance et leur qualité bouchère. Cependant, les fidèles musulmans notent une petite flambée des prix sur le marché malgré la pandémie de Covid-19 qui ne favorise guère l’exportation des moutons vers les pays voisins. Que ce soit dans la ville comme dans les différents marchés de la capitale, la vie est rythmée depuis plusieurs jours par les préparatifs de la fête du ramadan. L’achat du mouton continue d’être un casse-tête pour les ménages et les habits coûtent de plus en plus chers.

Au marché de Karkandjié, les béliers coûtent plus chers parce qu’ils ont de l’embonpoint, explique Abdeldjelil, vendeur de bétail. Ils valent entre 35.000 et 50.000, voire même 80.000 F CFA. Les moutons ordinaires, c’est-à-dire, pas d’embonpoint sont vendus entre 27.500 et 30.000 F CFA. Selon Abdeldjelil, ce prix que nombre de clients jugent exorbitants se justifie par les frais de transport élevés des bêtes de la zone d’importation, notamment des bourgades ou villes reculées par rapport à la capitale. « J’achète mes béliers le plus souvent à Moussoro qui est à 300 Kilomètres au nord de la capitale ou soit à Linia, à la sortie Est. Parfois, je paie des bergers qui les acheminent à pied jusqu’ici à N’Djamena ou parfois, on les transporte dans de véhicules si y a l’urgence. Il y en a qui décèdent en route et aussi, les agents des Douanes, de la police, des eaux et forêt à chaque poste, réclament de l’argent que je leur donne donc les dépenses augmentent et je ne peux revendre à perte », explique-t-il.
En plus à N’Djamena, poursuit Abdeldjelil, il y a également les taxes qu’il paie quotidiennement à la collectivité et aux autres structures impliquées dans le circuit commercial. « Toutes ces taxes payées sont des facteurs qui déterminent le prix d’un mouton », rapporte-t-il. Selon quelques agents du ministère de l’Elevage rencontrés, la flambée des prix du bétail actuellement sur le marché est intentionnellement entretenue par tous les intermédiaires qui pullulent le marché et aussi, par le comportement de certains agents de la police, des douanes ou des eaux et forêt. « Tous ces hommes qui vous abordent dès votre entrée au marché ou qui vous vendent un mouton dans les quartiers, ne sont pas les vrais propriétaires. Ils ne sont que des intermédiaires qui cherchent toujours à vendre plus que le prix proposé par le légitime propriétaire, voire le doubler, à leur profit », indique un agent. Beaucoup de fidèles musulmans ne comprennent pas qu’à chaque fête, les prix des denrées alimentaires grimpent, alors que les salaires ne sont pas à la hauteur. « La fête va tomber en plein milieu du mois, donc certainement sans salaire du mois de mai alors que les prix de moutons sont exorbitants. Je ne sais pas s’il serait possible d’acquérir du mouton dans ces conditions là pour faire la fête », se plaint Moctar, un agent du ministère des Affaires étrangère.
La fête de ramadan intervient également alors que des centaines des milliers de Tchadiens subissent encore les conséquences des graves inondations qui ont durement frappé le pays surtout la ville de N’Djamena pendant la saison des pluies de l’année 2020. En dépit de cette précarité économique due à la pandémie de Covid-19 et à la chute du prix du baril du pétrole mais aussi et surtout, le plein milieu de mois de mai, les pères de familles font les pieds et les mains pour se procurer l’indispensable mouton de fête. « Qu’importe le prix du mouton, nous n’avons pas le choix. L’Aïd-el-Fitr arrive une fois seulement par an et le fidèle musulman doit s’offrir le plaisir après 30 jours de jeûne », estime Youssouf Mahamat, un fidèle musulman. Beaucoup de fonctionnaires fondent, comme l’année dernière, leur espoir sur le paiement par anticipation du salaire du mois de mai pour passer une bonne fête de ramadan en famille.