Pour avoir critiqué la qualité de l’enseignement, Aïcha Saleh Souleymane est suspenduePour avoir critiqué la qualité de l’enseignement, Aïcha Saleh Souleymane est suspendue

User icon Par Ibrahim Adam

L’administration de l’Université Roi Fayçal a suspendu pour une période d’une année, une étudiante en 4ème année pour avoir donné son avis dans un reportage télévisé, sur la qualité de l’enseignement en journalisme et communication dispensés au sein de sa faculté. 

La nommée Aïcha Saleh Souleymane étudiante en 4ème année en journalisme et communication à l’Université Roi Fayçal et par ailleurs journaliste à la télévision Tchad 24 a été suspendue en date du 2 mai 2021 par le vice-président chargé de l’enseignement le Dr. Hassaballah Mahdi pour le compte de l’année 2020-2021.  L’administration de l’Université accuse l’étudiante en question  pour atteinte à l’honneur et dénigrement de l’université et des enseignants dans un reportage accordé à un média étranger en date du 29 décembre 2020. Le reportage réalisé par la chaîne internationale Al Jazeera traite sur la qualité de la formation en journalisme et communication au sein de ladite Université.

Voici ce qu’a dit l’étudiante dans le reportage qui a valu sa suspension

« Depuis que j’ai intégré la faculté des sciences de l’éducation, département du journalisme et communication en 2017, je ne me suis jamais sentie une étudiante en journalisme parce-que nous n’avons pratiquement rien appris du domaine. L’université ne met pas l’accent sur les cours pratiques. Et la plupart des matières que nous apprenons, n’ont rien avoir avec le journalisme. En plus de cela, il manque cruellement des enseignants qualifiés dans le domaine. S’il faut évaluer leur niveau, on a pas au-delà de 40% des enseignants spécialistes dans le domaine ». Si d’autres étudiants ont choisi de garder l’anonymat, Aïcha Saleh elle, s’est livrée de manière découverte et sans langue de bois pour dire ce qu’elle pense de la formation pour laquelle elle s’est inscrite. Un témoignage qui lui  coûte 6 mois plus tard, une année de suspension, malgré une lettre d’excuse qu’elle a adressée, à la demande de l’administration de l’Université.

Sur Facebook des étudiants et des journalistes dénoncent une suspension injuste

Plusieurs voix se sont élevées depuis que la nouvelle de la suspension de l’étudiante Aïcha est tombée, pour dénoncer ce qu’elles qualifient d’un règlement de compte et d’une suspension injuste et infondée. Abdraman Yahya Saleh, journaliste et enseignant s’indigne «  le crime de cette étudiante en journalisme est d’avoir donné simplement son avis dans un reportage. Et bizarrement, le vice-président de l’université signataire de la note de suspension a lui aussi pris part au reportage. Pourquoi cette université se livre à des telles pratiques ? Comment ces étudiants en journalisme pourront demain exercer librement leur métier » écrit-il sur sa page ? Ces personnes demandent à l’étudiante et à ses camarades de rejeter cette suspension et de porter plainte contre l’administration pour abus de pouvoir.

D’après plusieurs témoignages recueillis, les cadres de l’administration de l’université abusent de leur pouvoir pour imposer aux étudiants et voire même à certains enseignants, une dictature qui ne dit pas son nom. Le renvoi abusif a été signalé plusieurs fois. « On confond une université où on forme des futurs cadres à un centre de rééducation et de correction » s’indigne un étudiant qui préfère garder l’anonymat, de peur de subir ce qu’a subi Aïcha, nous dit-il.  En 2016, on se rappelle de l’exclusion définitive de l’université un étudiant en 3ème du nom Ali Ahmat Abakar pour avoir pris par à une marche pacifique pour réclamer justice dans le cadre de l’affaire de viol sur la lycéenne Zouhoura.

K.M