
Pour joindre les deux bouts, certains jeunes N’Djamenois se lancent dans la réparation de téléphones. Un business rentable et très développé.
Installés aux abords des marchés et des grandes avenues, les réparateurs de téléphones portables se repèrent facilement, de tables ou kiosques posés devant eux et bourrés des carcasses de téléphones. Dès qu’une personne s’approche d’eux, ils lui lancent en arabe local « Aiwa akhoui, taal guidam », en français « mon frère viens devant ou avance ». Aux abords du marché de Dembé où ils sont nombreux, ces réparateurs de téléphones se lancent dans la concurrence pour attirer, chacun, les clients. Regard ennuyeux, assis derrière sa table, Haroun, la trentaine révolue explique la rareté des clients par rapport au manque d’argent. Toutefois par jour, il ne rentre pas bredouille, nous confirme-t-il. Comme tout autre métier, la réparation de téléphones a aussi ses exigences, car elle nécessite de passer une petite formation pratique auprès de ceux qu’on appelle «doyens» dans le langage du milieu. Selon Theodore, « Dans ce domaine, c’est la collaboration qui compte plus. Moi par exemple, J’ai passé quelques temps à côté des autres avant de poser ma propre table ». Il est à noter que c’est le chômage qui a augmenté le nombre de ces techniciens dans les marchés et autres espaces de la capitale. Une aubaine pour les agents de la mairie qui multiplient des navettes pour leur soustraire des sous pour les droits de places. Hubert, un des réparateurs victimes de la tracasserie des agents de la police municipale révèle. « Nous qui sommes installés au marché de Dembé principalement, on donne 100 francs par jour et 1000 francs à la fin de chaque mois. Mais nous savons que ces jetons vont seulement dans les poches des agents de la mairie et nulle part ailleurs».
Cette activité nécessite plus de tacts car, les nouvelles marques de téléphone arrivent sur les marchés, c’est pourquoi la collaboration devient une exigence pour ces réparateurs. Mais ils reconnaissent que cette activité leur permet de se prendre en charge par rapport aux autres métiers qu’ils avaient tentés par le passé.
Les clients crient à l’escroquerie
Si les réparateurs se réjouissent du rendement de leur métier, les clients eux, se lamentent. Dame Lina, rencontrée devant un réparateur de téléphones portables au marché de Dembé dit que ceux-ci ne sont pas sérieux : « C’est des escrocs, ces réparateurs de téléphones portables, il ne faut jamais leur faire confiance. Surtout si tu laisses ton téléphone avec eux, ils peuvent vendre et te créer de problèmes». Avis non partagé par certains clients qui pensent qu’il faut féliciter ces jeunes réparateurs, car ils parviennent à aider parfois des personnes qui n’ont pas assez de moyens pour se procurer de nouveaux téléphones. A ce niveau, il faut faire la part de choses, puisque tout le monde n’est pas animé de mauvaise foi.
Par ailleurs, les réparateurs les plus connus trouvent plus de clients par rapport à d’autres. « Nous ne sommes pas restés par hasard ici. Ce sont ceux qui te connaissent qui viennent vers toi » nous confie Hamid, au grand marché de N’Djamena. Quant aux palabres qui se font autour de la réparation des téléphones, Theodore complète que c’est parfois les clients qui apportent des téléphones irréparables. « Si tu ne réussis pas à le réparer, c’est un problème. Aussi les carcasses de téléphones posées sur les tables ne sont pas les produits de vols, mais nous les achetons dans les quartiers, avec des mains sures et constituent pour nous, des pièces de rechange » conclut-il.