D’août 2019 à mai 2020, au moins 1 864 904 enfants de 6-59 mois malnutris aiguës ont besoin d’un traitement au cours de cette année. Sur ce nombre, on dénombre 461 186 cas de malnutrition sévère aiguë, 1 404 718 de cas de malnutrition aiguë modérée et 330 533 femmes ou allaitantes malnutries aiguës ayant besoin d’un traitement, selon le rapport d’analyse IPC de la malnutrition aiguë.
Au total, 6 provinces et 27 départements sont dans une situation nutritionnelle Sérieuse (IPC phase 3) à Critique (IPC phase 4) entre août-septembre 2019, qui coïncide à la période de pic de la malnutrition. Il est estimé que plus que 1,8 million d’enfants de 6 à 59 mois souffriront de malnutrition aigüe durant l’année 2020 sur la base des résultats de l’enquête SMART nationale réalisée en août 2019. Entre octobre et décembre 2019, la situation devrait s’améliorer avec 4 provinces et 13 départements en situation Sérieuse à Critique.
Pour la situation actuelle, sur les 11 provinces analysées à l’échelle provinciale, 4 provinces (Kanem, Ennedi-Ouest, Tibesti et Barh-El-Gazel) sont classées en situation Critique (IPC phase 4) et 3 provinces (Wadi-Fira, Hadjer-Lamis et N’Djamena) en situation Sérieuse (IPC phase 3). Sur les 35 départements analysés, 13 sont en situation Critique (Borkou, Borkou Yala, Haraze Mangueigne, Barh Azoum, Aboudeia, Kimiti, Djourouf Al Ahmar, Fitri, Batha Est, Batha Ouest, Wadi Hawar, Am-Djarass et Baguirmi) et 17 en situation Sérieuse (Loug Chari, Barh Signaka, Abtouyour, Guera, Mangalmé, Mamdi, Wayi, Fouli, Kava, La Kabbia, Mont Illi, Mayo Boneye, Mayo Lémyé, Lac Wey, Ngourkosso, Assoungha et Ouara).
Les facteurs contributifs majeurs varient d’une unité d’analyse à une autre. Nous pouvons retenir comme prédominants la mauvaise qualité de l’apport alimentaire due aux mauvaises pratiques, les prévalences élevées des morbidités infantiles et des niveaux d’anémie très alarmants, les mauvaises conditions d’hygiènes, les mauvaises pratiques Alimentation des Nourrissons et des Jeunes Enfants (ANJE) et la faible couverture d’accès à l’eau potable. Les effets négatifs de la situation sécuritaire volatile dans le Nord du Tchad et les conflits intercommunautaires dans d’autres parties du pays influent négativement sur la situation nutritionnelle. L’insécurité alimentaire des ménages apparait comme un facteur contributif mineur dans la majorité des zones analysées.
Dans les provinces et les départements classés en situation Sérieuse (IPC phase 3) et plus de l’IPC malnutrition aigüe, des interventions urgentes et précoces sont nécessaires pour inverser les tendances de la malnutrition aigüe. Pour cela, il faut garantir le traitement pour tous les enfants souffrant de la Malnutrition aigüe en situation courante et cela doit être la première priorité pour réduire le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans. Ensuite, capitaliser les acquis dans la mise en œuvre des réponses d’urgence (système de paquet minimum) et de prévention précoce ayant permis de limiter la dégradation de la situation nutritionnelle Puis il faut encourager les initiatives en faveur de la Sécurité Alimentaire, Nutritionnelle et de l’Agriculture Durable (SANAD).Enfin, rehausser le taux d’accès à l’eau potable et au service d’assainissement et intensifier puis mieux coordonner les efforts de mobilisation des ressources afin d’augmenter rapidement et efficacement la couverture des actions de prévention et prise en charge de la malnutrition aigüe tout en explorant leur extension au niveau communautaire.