

Le président du parti Rassemblement National pour les Démocrates Tchadiens (RNDT-Le Réveil), Pahimi Padacké Albert, est, depuis quelques deux semaines, au four et au moulin pour présenter son projet de société au peuple tchadien pour l’élection présidentielle du 11 avril 2021. Dans cette interview, il présente aux Tchadiens, son programme politique, propose une alternance très démocratique au président Idriss Déby Itno et lui rassure pour sa sécurité s’il arrive à perdre. Il a profité de l’occasion pour tacler ceux qui ont boycotté l’élection pour choisir le chemin de la rue. Exclusivité ici !
Monsieur le Président, vous êtes candidat à l’élection présidentielle dont vous battez campagne depuis quelques semaines. Que peut-on retenir de votre programme politique ?
D’abord, je tiens à vous remercier pour l’opportunité que vous m’offrez afin de dire un mot sur mon programme politique à l’occasion de l’élection présidentielle qui se pointe à l’horizon. Comme vous l’observer, le pays est entré dans un mal vivre incroyable. Des conflits intercommunautaires emportent des milliers de vie. Les éleveurs et agriculteurs se regardent en chien de faïence, des combats se déclenchent aux abords des champs et dans toutes les villes. Vous voyez dans cette ville de N’Djaména, des jeunes désœuvrés qui ne trouvent autre possibilité que de manifester, s’en prendre aux édifices publics, aux moyens publics. Parce qu’ils sont bloqués pour ce qui est de leur avenir et ne savent plus vers où regarder.
Notre candidature vient donc comme une réponse à la demande de changement du peuple tchadien. Réponse en terme de besoin de recoudre le tissu social, recollé les factures et remettre le Tchad sous l’orbite de la justice, de l’égalité et de l’équité. Le besoin pressent du peuple tchadien d’aujourd’hui, est un besoin de justice, d’égalité et de justice. C’est pourquoi, notre programme politique a pour fondement de reconstruire l’Etat sous cet angle là ! Quand les Tchadiens auront retrouvés leur place en tant que citoyens dans leur pays, quand le vivre ensemble aura repris du terrain, les Tchadiens pourront s’attaquer à la question de leur développement. Bien entendu, en attendant, il faut faire en sorte que les Tchadiens puissent avoir les soins de base, pouvoir éduquer leurs enfants. C’est ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Voilà, en gros le fondement de notre candidature à savoir, remettre le Tchad sous l’orbite de la justice, de l’égalité et de l’équité.
Pour beaucoup, vous n’êtes qu’un pion monté de toutes pièces par le parti au pouvoir pour accompagner le président sortant et candidat à sa propre succession. Que dites-vous ?
Je n’ai pas de réponse à donner à des affabulations. Nous avons une expérience dans ce pays. Nous avons eu l’honneur et la chance d’occuper toutes les fonctions ministérielles de ce pays. Nous avons eu l’honneur de servir comme premier ministre dans ce pays. Dans une marche normale, l’étape qui reste après le poste du Premier ministre, c’est la Présidence. Et quand nous sommes candidats, et que quelqu’un trouve un malin plaisir de dire que nous accompagnons IDI à l’élection, il prend simplement le discours des partisans du MPS qui veulent dénigrer leur adversaire afin de s’octroyer un nouveau mandat. C’est aussi le discours de ceux qui boycott. Parce que, pour eux, le boycott est leur seule arme. Mais il faut savoir que le boycott est le premier bureau de soutien du MPS. Car, je répète toujours, si le boycott pouvait faire changer comme le peuple tchadien le souhait le changement au sommet de l’État, le président Déby ne serait plus au pouvoir. Y a eu boycott en 2006, 2011, mais cela n’a pas permis de changer ou d’avoir l’alternance au sommet de l’État. Celui qui boycott, est très sûr que Déby restera au pouvoir le 11 avril, mais celui qui s’engage en face à au moins la chance, si le peuple tchadien se lève avec lui, de pouvoir renverser la donne et de pouvoir battre Déby. Nous, de toutes les façons, au niveau de RNDT-Le Réveil, nous n’avons pas présenté notre candidature pour rien. Nous savons très bien qu’il y a des candidats qui accompagnent. Il y a des candidats étiquetés oppositions dont l’échiquier ne couvre qu’en réalité qu’un bureau de soutien. Quel est le parti qui se dit de l’opposition qui, depuis 2 ou 3 a fait de contre proposition à l’action du pouvoir ? RNDT-Le Réveil, tout en étant dans la majorité, c’est érigé comme le principal opposant au MPS. Allez-y demander aux Tchadiens de la rue, quel est le parti aujourd’hui, qui, représente une véritable alternative au pouvoir en place. C’est bien RNDT-Le Réveil ! Et donc, nous sommes très sereins. Nous savons que le peuple tchadien a compris le jeu de ceux qui veulent dénigrer des candidats sérieux pour faire le jeu du pouvoir et vous l’avez constaté aujourd’hui, ceux qui boycottent et qui organisent des marches pour le boycott, mais quand cette marche se termine, ils sont au salon du Maréchal du Tchad, est-ce que ce n’est pas un soutien au candidat Déby ? Voilà les réalités de ce pays ! Nous sommes candidat et nous pensons que nous allons gagner cette élection. Ceux qui le disent, le conseil que je peux les prodiguer est que la société civile qui veut le changement, l’opposition veut le changement, mais l’occasion est là, venez autour du candidat Pahimi pour faire face à Déby. Puisque moi Pahimi, j’ai accepté de faire face à Déby. Venez autour de notre candidature, nous allons le battre ensemble, mais rester dans son coin, boycotter et en même temps prendre rendez-vous avec le Maréchal du Tchad, c’est autant faire le jeu du Déby et non du RNDT-Le Réveil.
Comme vous le dites, comment peut-on être allié et se lancer en cours contre le parti dont on allié. Cela veut dire qu’il y a rupture d’alliance ?
Je ne sais pas pourquoi vous employez le mot rupture. Est-ce qu’il y a une alliance à vie ? Une alliance c’est un contrat à durée déterminé en fonction du mandat. Nous assumons pleinement l’alliance que nous avons signée en 2016. Puisque, nous avons soutenu le candidat du MPS en 2016. Ce contrat a une durée de 5 ans. Les 5 ans expirent le 8 août 2021. Et dès lors que la campagne s’ouvre, même l’alliance entre dans une phase transitoire en attendant sa fin. Mais, pour le mandat qui va commencer, le 8 août 2021, le MPS a signé un accord d’alliance avec une centaine de partis politiques, mais le RNDT-Le Réveil n’est pas membre de cette alliance. Donc, il ne s’agit pas d’une rupture. Il s’agit du terme normal d’un contrat qui s’est passé entre nous.
A la proclamation des résultats, que soit partiels ou définitifs, seriez-vous un perdant ou un bon gagnant, s’il arrive que vous perdiez ou que vous gagniez ?
Cela dépendra. D’abord, si je gagne, je serai un bon gagnant. Puisque je me suis présenté pour gagner. Je serai un bon gagnant d’autant plus que j’ai annoncé, dès mon investiture à porter toutes les garanties juridiques et sociales au président sortant et à sa famille pour que le président sortant puisse vivre en paix dans notre pays. Par ce que c’est un évènement important qui se prépare. Nous sommes un pays indépendant depuis 1960 où il n’y a jamais eu une passation pacifique au sommet de l’État. J’appelle le président Déby à saisir cette occasion pour qu’il y ait une passation pacifique au sommet de l’État et pour qu’il y ait, à partir de 2021, une véritable refondation de la démocratie tchadienne. Moi, je m’engage à faire en sorte que le président sortant soit couvert de toutes les garanties nécessaires. C’est pour cela d’ailleurs que notre slogan principal est le changement sans revanche. Mais en cas d’échec, je ne peux dire à la date d’aujourd’hui, si je serai un bon perdant ou un mauvais perdant. Je serai un bon perdant, si nous perdions dans des conditions de transparence absolue où nous en sommes nous-mêmes convaincu. Mais si nous perdions simplement parce qu’il y a manipulation ou fraude électorale, nous ne pouvons pas être un bon perdant.
Votre commentaire sur le grand meeting de votre adversaire, le candidat du consensus du 13 mars 2021…
Je suppose que vous étiez à notre meeting où nous avons exposés notre programme. Nous n’avons pas vu la nécessité d’insulter un compatriote parce qu’il ne serait pas d’accord avec nous. Notre vision de la démocratie est une vision très civilisée du jeu politique. Parce que nous considérons que la politique est un jeu et nous sommes tous des compatriotes. Nous avons des ambitions pour le même peuple. Et il revient au peuple et à lui de trancher entre les ambitions qui se présentent. Dès lors, nous nous ne voyons pas la nécessité de proférer des injures à l’endroit de nos compatriotes. Le Tchad que nous voulons et que nous voudrons mettre en place dès le dimanche 11 avril, est un Tchad démocratique où l’opposition à sa place, où la liberté de manifestation reprendra son droit tel que prescrit dans notre Constitution.
Interview réalisée par
Sabre Na-ideyam