Le ministre des Finances et du Budget, Tahir Hamid Nguilin, a annoncé, à la fin de la semaine dernière, le 15 janvier plus précisément, une réforme majeure des finances publiques au Tchad. Cette réforme, prononcée dans un contexte de nécessité de rapprocher la population locale à l’administration locale, c’est à dire, les fonctionnaires locaux, surtout, à l’administration financière locale, et particulièrement, à celle de la trésorerie locale. Cela est motivé en partie sur le fait que des fonctionnaires qui sont affectés dans les provinces et qui touchent leurs salaires dans la capitale, sans pour autant qu’il y ait une instance de contrôle sur la présence effective de ces fonctionnaires dans les régions où ils sont affectés, ni sur le service rendu par ces fonctionnaires afin d’être payés. Cette réforme donc, s’inscrit dans une logique de déconcentration de l’engagement des dépenses publiques des différents provinces au niveau desdites provinces. C’est-à-dire qu’avant la fin du premier trimestre de l’année 2021, selon les propos du ministre, chaque province aura donc une autonomie à pouvoir engager les dépenses, inscrites au budget local, au niveau local, et par conséquent les dépenses publiques locales, doivent être, d’abord engagées, ensuite liquidées et évidemment payées au sein de ces mêmes provinces. C’est une réforme phare accordant une large autonomie aux provinces. Cette autonomie concerne également le paiement de l’ensemble des salaires des fonctionnaires locaux, localement, au niveau de chaque localité, au Tchad dénommée province. Certes, cette réforme, d’une envergure importante a, à certains égards, une multitude d’avantages, parmi lesquels, la décentralisation des services du budget et de la solde de la capitale vers les provinces, notamment la mise en place des centres provinciaux du budget ( Centre dont la compétence est limitée exclusivement à chaque Province « stricto sensu »). C’est vrai, actuellement, au niveau de chaque province, il y a un délégué provincial du ministère des finances et du budget, ce dernier, lui sera dévolu, désormais, en vertu de la nouvelle réforme, le rôle de ministre des finances et du budget de la province au niveau local. Ainsi donc, comme dans chaque département, il y a un trésorier départemental, ce dernier aura également un rôle financier capital à jouer dans la circonscription départementale. Ce qui permettra une évolution vers une administration financière locale complète, ce qui est, d’ailleurs, indispensable pour une décentralisation effective. C’est une avancée majeure des finances publiques locales au Tchad. La décentralisation au Tchad, d’une manière générale, assez étudiée dans la thèse de doctorat intitulée : « processus et réalités de la décentralisation au Tchad », soutenue par Dr Mahamat Zene Youssouf, surtout, sa mise en œuvre, n’est pas encore effective dans notre pays. L’une des principales raisons de ce retard c’est l’autonomie financière des provinces. Et cette réforme, à notre avis, est un coup de pouce fort pour la réalisation d’un objectif cardinal indubitablement nécessaire : celui de la réalisation effective de la décentralisation au Tchad.
Ainsi, une administration des finances publiques complète dans chaque province permettra de réaliser cet objectif de la décentralisation. En outre, cela permet aussi l’exercice d’un contrôle d’une part sur la présence des fonctionnaires dans les collectivités locales et d’autre part sur le service fait par les fonctionnaires des provinces respectives.
Pour finir, réfléchissons sur cette pensée d’André Maurois selon laquelle : « Les gouvernements ont l’âge de leurs finances, comme les hommes ont l’âge de leurs artères ».
ANNOUAR MAHAMAT NOUR
Étudiant en Droit, option Droit Public à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
Contact : +221772624334
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Fait à Bignona, la région de Casamance, Sénégal, le 20 janvier 2021.