

Selon des informations qui circulent sur la toile, les intempéries de ce jeudi à N’Djaména, la capitale tchadienne ont causé la mort d’au moins trois personnes en différents points de la ville. L’intensité des pluies a causé des inondations dans de nombreux quartiers, et a souvent suscité la colère des habitants des quartiers habitués à se retrouver les pieds dans l’eau pendant la saison des pluies. Les autorités pointent régulièrement « l’incivisme » des populations, tandis que le gouvernement est accusé de négligences et de mauvaise gouvernance. Reportage…
Sur l’avenue du 10 octobre, entre le stade non loin du rond-point gazelle en allant vers l’ex hôtel Santana, sur cette voie bitumée, piroguiers, motocyclistes, conducteurs de bus, piétons, etc. se disputent la route soit pour aller vers le quartier Dembé, ou pour aller vers Habena, Amtoukoui, Atrone… Au vue de ce qui se passe, on comprend aisément les difficultés de la population à retrouver son domicile. Plus un peu à l’intérieur, les cours des maisons, les routes sont complètement immergées dans les eaux des pluies. C’est un spectacle désolant qu’offrent certains habitants disposant des tasses pour curer l’eau sur la voie mais qui n’a pas d’issue d’écoulement. On voit aussi des maisons écroulées un peu partout laissant ses occupants sans abri. « Si le gouvernement s’occupait réellement d’urbanisation de la capitale on ne serait pas là », fustige Djiraïngué en train de curer l’eau de sa cours vers la route. Non loin de lui, Mariam dont la maison s’est écroulée vers 4 heures du matin lève les mains vers Allah comme pour lui demander de l’aide mais aucune réponse. Yeux larmoyants avec ses quatre enfants, elle indique son mari est en voyage pour un cas de décès et un autre malheur vient frapper sa famille à son absence. « Je ne sais où est-ce que je pourrais héberger mes enfants en l’absence de leur papa », crie-t-elle, seule sur les décombres de la maison au quartier N’Djari.
Autorités et population s’accusent…
Partout dans la capitale, ce sont des pleures, des lamentations toujours avec un doigt accusateur, les autorités. « Ceux qui sont nommés s’occupent de pillage et de leur travaille alors que nous, populations souffrons et cela, chaque année. Marre de ces autorités qui ne font rien pour nous sauver des inondations chaque année », s’emporte Arnold dont la voiture est bloquée dans la boue en plein cœur d’Atrone alors qu’il partait au travail. Pour les autorités, l’Etat à seul ne peut tout faire à la fois, il faut aussi que la population s’y implique. « Même moi je suis dans l’eau. Cela ne veut pas dire que ça me fait plaisir de voir ma population dans l’eau », indique un maire adjoint du 7ème arrondissement qui requiert l’anonymat. Il ajoute par ailleurs que le problème est aussi la population car personne ne veut voir le caniveau passé devant chez elle. « On obstrue le passage de l’eau et on veut toujours que les quartiers ne soient pas inondés. C’est difficile à comprendre. Que la population prenne conscience de cette situation », indique-t-il.
La croissance démographique, l’urbanisation rapide et incontrôlée de zones à risque (habitat spontané), l’importante prévalence des maladies alors que la protection sanitaire est précaire, la pauvreté endémique, la faiblesse des dispositifs de préparation et de réponses aux catastrophes, l’insuffisance d’informations climatiques, les faibles capacités des institutions, etc. sont autant de facteurs qui viennent aggraver la vulnérabilité de N’Djaména aux changements climatiques dans les zones urbaines.
Le Tchad connaît des inondations de plus en plus intenses ces dernières années. Si des stratégies de gestion des inondations existent, celles-ci persistent. Il est aujourd’hui indispensable de s’interroger sur les capacités des acteurs à gérer et s’adapter à de telles circonstances, ainsi que sur la manière de les renforcer.
S.N