Le “rossignol tchadien” Abdoulaye Nderguet et son compère du Bex’tet lancent officiellement leur premier album intitulé “l’Âme du Blues”, le 25 Mars prochain. Une conférence de presse relative à ce tout premier album est organisée aujourd’hui jeudi 3 mars 22 à l’Institut français du Tchad.
Le tout premier album l’Âme du Blues composé par Abdoulaye Nderguet et Emmanuel Bex comprend quatre titres notamment Amagor; chanté en arabe tchadien. Ce morceau entretient un lien de cousinage avec le Rock anglais. Le deuxième titre de l’album porte sur “regarde le ciel”. La terre tremble lorsque chanteur et musicien jouent ce morceau qui dit à la fois tout l’amour d’Abdoulaye pour la langue française. Le troisième porte sur “Adieux”. Quand les chants de deuil du sud du Tchad rencontrent la culture classique du vieux continent sans que l’un prenne l’ascendance sur l’autre, donne l’adieu. Chanté en Sarah, ce son illustre le riche processus créatif qui a prévalu lors des différentes phases de conception de l’album. Enfin le titre “Bardjal” issue de la même région, ils ne s’étaient jamais perdu de vue depuis l’aventure H’SAO qui a amené Caleb Rimtobaye alias AfrotroniX au Canada comme meilleur DJ africain de 2018. Abdoulaye et lui se sont trouvés en 2021 à N’Djamena pour enregistrer techno-ethnique chanté en arabe tchadien.
N’Derguet, ses relations avec d’autres musiciens
“Je vous propose de la chanson tchadienne. Pour la musique, faisons comme on veut ou comme on peut”. C’est dans cet état d’esprit bon enfant qu’Abdoulaye Nderguet a fait la connaissance d’Emmanuel Bex et des musiciens du Bex’tet, invités à l’Institut français de N’Djamena en octobre 2019. A lui seul, Abdoulaye Nderguet embrasse toute la diversité au Tchad, pays carrefour partagé entre le désert et la forêt équatoriale, entre l’islam et la chrétienté. Cette aptitude à concilier ce qui souvent semble opposé au fait de ce chanteurl’interlocuteur désigné pour donner corps à un dialogue entre le Jazz et sa culture solidement enraciné en Afrique.
D’un côté du duo de l’âme du Blues, il ya Abdoulaye Nderguet. Du haut de sa taille et de ses 50 ans, Nderguet a une voix qui lui vaut le surnom de “rossignol tchadien” tant il est capable de la modulerà l’aise dans les graves comme les aigus. Ce qui contraste avec son physique d’ancien basketteur. Durant toute sa vie artistique, il a acquis différentes techniques de chant traditionnel qui ont façonné sa personnalité vocale. On trouve des éléments typiques du Sahel mais aussi du Rock similaires à celui des griots d’Afrique de l’ouest. Cependant de l’autre côté, on trouve l’organiste et pianiste français, Emmanuel Bex, 63 ans figure de la scène jazz récompensé à de multiples reprises notamment le prix Victoire du Jazz, Grand Prix de l’Académie Charles Cros et bien d’autres. Lorsqu’il s’est envolé pour le Tchad afin de s’y produire en trio avec ses deux acolytes du BEX’Tet, il n’imaginait pas qu’il était inconsciemment attendu par un chanteur qui n’avait jamais entendu parler de lui. Dans cette langue de notes et d’incantation qu’ils pratiquent et savent faire entendre, ils se sont instantanément trouvés. Au fil des jours et de retrouvailles en France, un répertoire est né, ” dans le ressenti de la musique” plus que dans l’improvisation, avec cette spontanéité de jazz qui semble si familière à Abdoulaye Nderguet à en juger par son plaisir à chanter dans un tel exercice. Lors de l’enregistrement à Paris, une poignée d’invités s’est glissée à leur côté pour ajouter leurs propres émotions.
Tchadanaye Djibia