Mayo-Kebbi Ouest: Conflit foncier entre deux villages dans le département de Lac-LéréMayo-Kebbi Ouest: Conflit foncier entre deux villages dans le département de Lac-Léré

User icon Par Ibrahim Adam

Dans le département de Lac-Léré , province du Mayo Kebbi Ouest, un conflit foncier et agriculteurs-éleveurs oppose le village de Mourbamme et Pouchenne Boloro depuis quelques années.

Il s’agit d’un site cultivable qui appartiendrait au village Pouchenne Boloro et qui aurait été octroyé aux éleveurs de Mourbamme le village voisin d’y rester avec leurs bétails. L’autorisation d’y rester provisoirement leur aurait été notifiée depuis plus d’une vingtaine d’années par le défunt Chef de Lere (Gong Daba), le prédécesseur de l’actuel chef (Gong Tchommé)selon les sources de Pouchennee.
Décidant de récupérer ce site pour la culture compte tenu d’insuffisance d’espaces cultivables, les cultivateurs de Pouchenne Boloro se heurtent à d’énormes difficultés, alors qu’ils auraient attribué un autre espace aux cultivateurs afin d’en faire leur nouveau site de pâturages.
Le chef de village de Mourbamme serait en complicité avec les autorités locales de Léré, dont le Sous-préfet dans la gestion de ce conflit d’après les cultivateurs du village de Pouchenne qui se croient lésés.
Contacté au téléphone, le chef de village de Mourbamme, réitére qu’il n’y a pas en réalité un conflit entre les deux villages. ” Nos deux villages sont liés historiquement, socialement et même familialement. Mes frères de Pouchenne doivent comprendre que l’actuel parcelle qui fait polémique a été considérée comme un site pastoral depuis plus d’une dizaine d’années par l’ancien Gong Daba et formalisé par Gong Tchomme depuis le 17 juin 2010″, explique-t-il.
Les sources locales rapportent que les éleveurs qui continuent à y rester auraient cotisé une somme de Cinq Millions de Francs CFA (5 000 0000 FCFA), et les auraient remis au Sous-préfet de Léré ceci par l’entremise du chef de village de Mourbamme afin de plaider en leur faveur pour continuer à rester dans cet endroit pour que rien ne leur arrive.
Par rapport à la somme de 5 000 000 FCFA, qui aurait été cotisée par les éleveurs de Mourbamme et remise au Sous-préfet selon les sources recueillies auprès des cultivateurs de Pouchenne, ce dernier dément les faits. Il appelle d’ailleurs la population de Pouchenne au sens de responsabilité et engagement citoyen. ” Les textes sont clairs, personne ne doit se servir de ce site. Malheureusement, certains se sont entêtés. Mais ceux-là ne sont pas au dessus de la loi. Surtout que l’équipe qui était descendue sur le terrain pour la première fois était composée du sous-préfet, des éléments de la cour royale de Léré, de la brigade territoriale,” indique le sous-préfet.
Au sous-préfet de conclure, ” les arrestations sont en cours. Nous traquerons tous ceux qui iront à l’encontre de la loi. Tous ceux qui sont arrêtés ne sont pas du village Pouchenne Boloro. Il ya aussi ceux de Mourbamme.”

Les cultivateurs de Pouchenne Boloro, de Mourbamme et de Pouh-Emme un autre village voisin ont décidé de labourer cet espace cette année. Et un matin, les champs du côté de Pouchenné ont été rasés par les bétails du côté de Mourbammé.
Et en plus du devastement des champs des cultivateurs de pouchenne Boloro , le Sous-préfet de Léré leur a envoyé une vague de convocation. Se rendant répondre aux convocations du Sous-Préfet, il leur explique que le plaignant est le ministère public.
Sept (7) personnes du côté de Pouchenne Boloro ayant labouré sur cet espace ont été appréhendées puis mises à la maison d’arrêt de Léré, où elles croupissent depuis plus de deux semaines.

Le jeudi 23 juin, le Sous-préfet devrait se rendre sur le site pour y voir clair, mais il n’a pas honoré le rendez-vous.
La tension est très vive en ces jours. Les habitants de Pouchenne Boloro attirent l’attention des plus hautes autorités de l’Etat pour la restauration de leurs terrains dont-ils sont dépossédés illégalement, et tiennent pour responsables le chef de village de Mourbamme et le Sous-préfet de Léré, considérés comme principaux complices de tout ce qui adviendra.

Teyane Bertrand