Suite à l’incident survenu dans la matinée du 14 juillet 2020 entre un militaire et un groupe de mécaniciens dans le marché Champ de Fil, les autorités municipales ont entamé le déguerpissement d’une partie de ce marché. Une situation qui laisse les déguerpis dans le désarroi et ne cessent de demander leur réhabilitation.
Au lendemain des décisions conjointes annoncées par le Délégué général du Gouvernement auprès de la commune de N’Djamena et le Maire de la capitale, des déguerpissements ont été enclenchés le mardi 21 juillet dans le secteur oriental du marché en grande partie occupée par des mécaniciens venant de tous les coins de la ville, des commerçants, des tenanciers des kiosques, des soudeurs et ceux qui exercent bien d’autres activités informelles. Cette opération de déguerpissement a eu lieu sous la supervision et la vigilance éveillée des militaires et policiers du Groupement Mobile d’Intervention de la Police(GMIP). La prudence est de mise pour contrer d’éventuelle riposte des personnes concernées par cette opération. Sur le site qui donne l’apparence d’un paysage rasé par une tornade, on y voit des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards qui s’activent à ramasser dans la précipitation leurs effets. « La Mairie aurait pu nous donner ne serait ce que 48 heures pour nous permettre d’évacuer nos effets et envoyer nos enfants dans un endroit sûr. Cette décision à l’improviste est une injustice à notre égard. Elle s’est concrétisée avec la complicité du délégué du marché et sa suite qui voient toujours d’un mauvais œil notre présence sur cet endroit » fulmine Zakaria Adam un sexagénaire occupant l’espace bientôt 30 ans déjà.
Il est à préciser que ce marché de Champ de Fil fait vivre près de 500 âmes selon les estimations fournies par le délégué du marché. C’est un vaste espace où ont peut voir un peu de tout par exemple des pièces d’automobiles neuves et d’occasion. Ce qui lui a valu le titre en arabe « Bab-alrahma » qui signifie porte-bonheur. C’est-à-dire qu’on ne peut pas venir passer toute la journée sans toute fois repartir chez soi avec de quoi nourrir sa famille.
Pour le délégué du marché Maïna, au-delà des commerçants déguerpis, il est urgent de porter une attention particulière aux familles installées sur le site depuis très longtemps. « Les commerçants et les mécaniciens peuvent trouver d’abris et continuer à opérer comme d’habitude, mais qu’allons nous faire pour sauver ces familles démunies qui courent de gauche à droite pour avoir un abri. C’est à elle que nous devons consentir d’efforts en cette période de pluies. » Affirme-t-il d’un air inquiet. Il convient de souligner que cette situation continue de provoquer un tolet dans les rues et les quartiers de la capitale. Pourquoi les avoir chassé de cet endroit Ɂ où doit-on conduire ces pauvres gensɁ que vont-ils devenirɁ Autant d’interrogations qui circulent suspendues aux lèvres de nombreuses personnes.
Cependant, si cette opération de déguerpissement suscite controverse et polémique, d’autres par contre pensent que la Mairie a fait un acte salvateur qui vient mettre un terme au cycle de banditisme qui sévit dans ce milieu. « Je salue l’action déterminante de la Mairie. Désormais nous vivrons tranquillement chez nous loin de toute agression physique. Cet endroit est un nid de délinquants qui nous agressent la nuit, harcèlent nos femmes et dévalisent les boutiquiers. Malgré l’instauration du couvre-feu ils persistent toujours » témoigne Ahmat Chakir riverain du marché de Champ de Fil. Il ajoute que « ces gens sont mécaniciens le jour mais dans la nuit ils sont agresseurs. Ils s’organisent en bande criminelle donc difficile à les dissuader » témoigne-t-il.
Pour rappel, depuis le lynchage d’un militaire par des jeunes mécaniciens de ce marché qui a aussitôt ravivé la colère des autorités municipales et suscité des vives réactions sur la toile, cette zone est totalement barricadée par les forces de l’ordre et placée sous haute surveillance . Une situation qui continue à pénaliser les boutiquiers qui attendent avec impatience la réouverture dudit marché.
Youssouf M. Youssouf (stagiaire)