Manque de vitamine, malnutrition, anémie… Des enfants toujours fragiles en santéManque de vitamine, malnutrition, anémie… Des enfants toujours fragiles en santé

User icon Par MAHAMAT ADOUM TIDJANI

L’on sait depuis longtemps que cette avitaminose est l’une des principales causes de cécité chez les enfants. Pour mieux connaitre les effets d’un manque de vitamine A, des médecins et des chercheurs ont pris et suivi, en 2018, un échantillon de près de 5000 enfants.

Pendant près de deux décennies, la science médicale a ignoré ou a récusé les preuves que l’administration de vitamine A pourrait éviter d’un tiers à un quart des décès d’enfants dans le monde en développement. Aujourd’hui, le scepticisme des années 2000 a été balayé par une avalanche de données. La plupart des pays s’efforcent d’appliquer à leurs enfants cette mesure, la plus rentable, dit-on, de toutes les interventions sanitaires. « Si cet effort est mené à bien, nous pouvons espérer enregistrer un à trois millions de décès d’enfants de moins, chaque année », renchérit Alfred Sommer, technicien en hygiène et santé publique.

En effet, il a fallu plus d’un siècle pour que la vitamine A, découverte en 1913, reçoive l’attention qu’elle mérite. C’est seulement en 1974 que l’organisation mondiale pour la santé (OMS) a publié le premier rapport sur l’avitaminose A comme principale cause de cécité chez les enfants du monde en développement.

Démasquer la malnutrition

Les problèmes de la malnutrition chez l’enfant sont depuis des décennies, considérés sous une toute autre optique. Alors qu’on y voyait une carence protéique, puis calorique, on considère aujourd’hui que la malnutrition de l’enfant a tout aussi souvent pour cause de fréquentes maladies et des mauvaises habitudes diététiques que le manque d’aliments. Sur les 13 millions de décès d’enfants de moins de cinq ans qui se produisent chaque année dans le monde, plus de 8 millions peuvent être attribués aux diarrhées, aux pneumonies, au paludisme ou à des maladies évitables par la vaccination. Mais cette classification simpliste dissimule le fait qu’un décès habituellement n’a pas une cause unique, mais qu’il est la conséquence d’un processus plurifactoriel. C’est en particulier la coalition de la malnutrition et de l’infection qui aspire de nombreux enfants dans la spirale plongeante d’un mauvais développement et d’un décès prématuré. De nos jours, une nouvelle étude s’est efforcée de quantifier le rôle de la malnutrition dans le décès d’enfants. Se fondant sur des données enregistrées dans une soixantaine de pays en développement, des chercheurs ont conclu que plus de la moitié des 13 millions de décès d’enfants chaque année sont en rapport avec la malnutrition. Ils ont aussi démontré que dans plus des trois quarts de décès liés à la malnutrition, celle-ci n’était pas grave, mais légère à modérée. Leurs conclusions contredisent l’idée selon laquelle les taux de mortalité ne s’élèvent que chez les enfants sévèrement malnutris.

L’anémie, un autre problème de santé publique

D’après les dernières estimations, la moitié des enfants en Afrique et en Asie du Sud seraient anémiques. Pour les milliers d’enfants, des lésions neurologiques risquent d’entraver le développement mental. Il est démontré que lorsque l’anémie est plus sévère, les taux de mortalité des enfants augmentent. Comme le rappelait le document sur les progrès des nations, l’anémie touche également quelque 40 pour cent des femmes du monde en développement. Un chiffre qui passe à plus de 50 pour cent chez les femmes enceintes et qui augmente le risque de mortalité maternelle. Ceci provoque une insuffisance pondérale du nouveau-né. Chez les hommes, il est noté dans beaucoup des pays, qu’un homme adulte sur quatre est anémique. A pareille échelle, souligne un récent rapport de l’OMS et de l’UNICEF, l’anémie diminue la productivité de populations entières. « Lorsqu’un individu est anémié, c’est le plus souvent parce qu’il n’absorbe pas assez de fer dans ses aliments. Le lait de la mère fournit au bébé les quantités de fer dont il a besoin pendant les six premiers mois de sa vie. Mais la plupart des aliments de sevrage, y compris les produits laitiers et les céréales contiennent peu de fer, à moins d’être enrichis », indique Remadji Florence.

Evidemment, accroitre l’apport du fer n’est qu’une partie de la réponse. L’absorption du fer, par exemple, est inhibée si l’on boit du thé aux repas, alors qu’elle est multipliée par deux ou trois si l’on mange de la viande ou des fruits riches en vitamine C. L’alimentation des pauvres et plus particulièrement des végétariens pauvres, qui ne peuvent pas toujours acheter des fruits, comporte donc un risque non négligeable, en terme de carence des éléments nutritives.

Ahmat Adoum