En cette saison pluvieuse, pour se rendre dans les cimetières de N’Djaména, notamment au cimetière de Toukra et celui de Lamadji, est un véritable chemin de croix. De la descente du goudron jusqu’au cimetière, il faut traverser la pâteuse boue et bonjour les glissades et les ruissellements des eaux de pluviales.
Les fortes pluies qui s’abattent sur N’Djaména ces derniers jours rendent la vie difficile aux usagers surtout ceux qui accompagnent leurs proches à leur dernière demeure. Les tronçons qui conduisent à ceux-ci sont quasi impraticables. Il y a la boue, les glissades, les eaux de pluies qui stagnent le long des trajets. Difficile pour les conducteurs de moto ou des véhicules de circuler normalement. Parfois ces engins s’embourbent. Les accidents sont légion. A Lamadji, lorsque les fidèles musulmans se rendent pour rendre un dernier hommage à leurs disparus, ils constatent avec amertume que le périmètre est tout dégradé. Pour y accéder, il faut souvent contourner ou se frayer un chemin avant de trouver la bonne voie. Le sol de nature boueuse empêche bon nombre d’automobilistes qui se rendent là et les obligent à parquer leur engins au bord du goudron : « Chaque année en saison pluvieuse, le même phénomène se répète. Nous recevons tout le temps des gens qui se présentent comme étant des marabouts et qui viennent nous demander de l’argent pour aménager le cimetière. Une fois que l’argent est collecté ils disparaissent aussitôt dans la nature pour ne réapparaitre que l’année prochaine avec la même demande croyant qu’on ne les reconnaitrait pas », s’offusque Annadif, rencontré à la sortie de Lamadji.
Les autorités municipales soulignent qu’un projet de bitumages de l’accès au cimetière est en cours de finalisation. L’objectif étant de couvrir de butine l’espace nécessaire aux convois mortuaires. « Un projet d’aménagement du cimetière est en étude. Il sera exécuté bientôt pour mettre fin aux souffrances endurées par les populations qui viennent enterrer leurs proches en saison pluvieuse », souligne Maxime administrateur à la mairie du 10ème arrondissement. Tom, délégué des fossoyeurs à Lamadji explique : « Le bitumage est un projet qui ne date pas d’aujourd’hui. Il faut beaucoup plus impliquer la Mairie centrale qui possède des moyens logistiques appropriés. La mairie a mis à la disposition du cimetière un Caterpillar destiné au creusage des tombes. Il suffit de se tourner vers le maire central et le lui demander pour l’utilisation de cet engin aux fins d’aménager cette zone. On a beaucoup entendu parler de ce projet Ça fait déjà 10 ans », informe-t-il. Pour faciliter l’accès dans cette zone, il suffit de mobiliser cet engin, seule alternative pour éviter les inondations interminables, ajoute un autre usager.
En outre, beaucoup d’efforts sont consentis par les bonnes volontés et la population riveraine pour palier à la situation. Parfois, certains fideles musulmans utilisent la charrue pour remorquer leurs corps parce que selon eux, les voitures traversent difficilement. « Nous transportons à dos d’âne nos morts jusqu’à destination de Lamadji. C’est un parcours ennuyant et fatigant. Nous avons entendu dire que beaucoup d’argent a été versé par les autorités saoudiennes et Qataries pour rendre ce cimetière accessible à tout moment, mais rien », déplore Adoum, habitant à proximité du cimetière.
Le cas du cimetière de Toukra
Le cimetière de Toukra est confié à la commune du 9ème arrondissement de N’Djamena. C’est elle qui doit s’occuper de son urbanisation et de la gestion. Mais l’on constate que chaque année, pendant la saison pluvieuse, les usagers qui empruntent cette route éprouvent d’énormes difficultés pour arriver à destination. En plein cortège funèbre certains fulminent à cause de ce tronçon. Lorsqu’on amorce la déviation, le camion dandine par ci et par là du fait de sa dégradation. « Les deux dernières pluies ont vraiment dégradé la route et c’est déplorable. On est venu pour l’enterrement de notre cousin, mais ce trajet nous a torpillés. A peine le camion allait se renverser à cause de glissade. Nous étions obligés de descendre du camion pour aller à pied jusqu’au lieu de l’enterrement », déplore Virginie, venue accompagner un corps. Cette voirie, chaque année nécessite un réaménagement voire un bitumage. « Chaque fois que les gens viennent avec le corps ils sont obligés de descendre laissant le chauffeur seul franchir cette route. Ce qui est marrant il y a des voitures qui s’embourbent dans la boue », selon un agent de la mairie rencontré sur le lieu. Mais pour le Maire du 9ème arrondissement « la mairie n’a pas manqué d’aménager cette voirie. Cette année, c’est compte tenu de la crise sanitaire que nous n’avons pas pu le faire. En ce moment, cette route est encore praticable, malgré tout les gens empruntent ». Pour lui, la mairie a réceptionné des tractopelles et autres matériels, elle va les mettre sans nul doute au service de la population.
L’insécurité s’invite aussi
Par ailleurs, les riverains s’inquiètent de l’insécurité qui plane dans ce cimetière. Dans la journée comme dans la nuit, c’est le lieu où les voleurs opèrent. Djim un fossoyeur explique : « en une seule journée, les voleurs ont subtilisé cinq motos dont les propriétaires étaient venus enterrer leurs proches. J’imagine que c’est une double peine en quittant le cimetière. La perte d’un être cher mais, aussi celle de leur moyen de locomotion ».
L’aggravation des cas de vols est telle que certaines voix réclament l’érection d’un poste de police ou de gendarmerie aux alentours du cimetière. Bien que pour le moment la parade trouvée consiste à assurer la surveillance des cortèges funèbres, mais cela n’empêche pas le vol des engins. « Quant on vient pour l’enterrement, on est obligé de garer notre engin sur le site indiqué pour aller en suite assister à la cérémonie d’au revoir. Sinon ces voleurs sans scrupule et ni cœur vont sans crainte nous sauter dessus », se lamente Irène.