
De nombreux enfants son obligés de travailler pendant les vacances scolaires pour aider leur famille. Une situation dénoncée par beaucoup de défenseur des droits humains que par des Tchadiens.
Ils sont invisibles, mais partout à N’Djaména, la capitale tchadienne : domestiques entre les murs de maisons, ouvriers dissimulés dans des ateliers, bambins cachés dans les champs, certains dans les troues profonds pour fabriquer des briques, d’autres, dans des charrettes à chevaux pour transporter et descendre des briques. Et en longueur de la journée. C’est la période des vacances scolaires au Tchad, comme dans la plupart des pays africains. Mais pour de nombreux enfants obligés de travailler pour aider leur famille, il n’y a pas de vacances. Les rues sont ainsi envahies par des jeunes vendeurs ambulants. Ces enfants, dont l’âge varie entre sept et quatorze ans, se trouvent souvent aux grands carrefours et dans les marchés, parfois même tard la nuit. Beaucoup n’ont pas de choix car grâce aux revenus de leurs travaux que les parents paient les manuels scolaires pour la rentrée scolaire qui se pointe déjà l’horizon.
Ndinga et Jean ont respectivement onze (11) et treize (13) ans, le premier, élève au cours moyen I et le deuxième, élève en classe de 6ème. « Nous transportons les briques avec la charrette de notre papa qui lui, s’occupe de la fabrique pour déposer chez les acheteurs. Ce travail permet à papa de payer nos cahiers à la rentrée scolaire et cela, chaque année et ce, depuis déjà quatre (4) ans que nous faisons ce travaille avec notre père », explique Ndinga, l’aîné. Comme eux, d’autres jeunes élèves ont pris d’assaut les quartiers populeux de N’Djaména pour vendre leurs marchandises. Leur ambition : aider leurs parents à préparer la rentrée scolaire prochaine.
De nombreux dangers dans la rue
Emmanuel est directeur d’école et personnellement, il semble très gêné par ces activités que mènent les enfants pendant la période des vacances scolaires. « Je suis contre que ce soit la fabrique, le transport des briques que le commerce ambulant que les enfants exercent parce que l’enfant n’a pas demandé à naître. L’enfant a droit à la protection. Quand nous les envoyons dans la rue, qui les protège ? » ; S’interroge-t-il. En effet, ces commerçants ambulants de circonstance, bravent les dangers du trafic et les intempéries au quotidien. Mais, les autorités semblent ignorer le problème.
Noubadoum, âgé d’environ douze (12) ans, lui, aide une dame sur l’avenue Ngarteri appelée communement axe CA7, une camerounaise, vendeuse des maquereaux. « La vendeuse est la voisine de la maison et étant donné que je vis avec ma mère qui lui a demandé de lui apporter de l’aide en contrepartie de quelques pièces pour préparer ma rentrée scolaire. Mon travail commence à partir de 16 heures pour finir aux environs de 23 heures », confie Noubadoum.
La loi est pourtant claire
Selon Ngar Alkoa Madjyengar, président de l’Association pour la Réinsertion des Enfants et la Défense des Droits de l’Homme (ARED), les dispositifs de protection des enfants contre le travail existent qu’il faut juste qu’ils soient appliqués par les autorités. « Le Tchad a ratifié beaucoup de textes pour la protection de l’enfance. Ce phénomène devrait être marginal mais malheureusement, nous observons dans nos villes que les enfants sont utilisés par les parents pour servir de main-d’œuvre. Ce qui n’est pas normal“, explique Ngar Alkoa Madjyengar.
Afin de lutter contre le travail et l’errance des enfants en période de vacances, Mme Nerolel Constance a initié, depuis presque quatre ans la colonie des vacances pour permettre aux enfants d’apprendre certaines choses que plutôt de se promener de bars en bars pour vendre ou soit être dans des marigots pour fabriquer et transporter des briques. Un programme qui a connu une forte adhésion cette année grâce aux nombreuses campagnes de sensibilisation. Malheureusement, certains parents semblent préférer pour leurs enfants, des activités génératrices de revenus. Miriam, une mère d’enfant, estime qu’il faut apprendre aux enfants à chercher de l’argent. « Il faut que les enfants apprennent à chercher aussi l’argent, ce n’est pas mauvais. Pendant les vacances, ils n’ont rien à faire et c’est normal qu’ils nous aident à préparer la rentrée scolaire au moins en achetant les cahiers. Le Tchad est dur », dit-elle.
Le travail des enfants est très visible pendant les vacances scolaires mais le phénomène s’étend aussi parfois au-delà de cette période. En réalité, le fléau n’épargne aucun continent mais au Tchad, il contraint certains enfants même à la mendicité car ces derniers fuient le domicile familial pour échapper aux travaux.
S.N