
Situé au bord du fleuve Chari, au quartier Walia, dans la commune du 9e arrondissement de la ville de N’Djamena, l’hôpital ‘’Le Bon Samaritain’’ est fondé depuis plus d’une dizaine d’années dans le but de sauver des vies. Mais depuis quelque temps, les patients se plaignent de la manière avec laquelle ils sont accueillis et pris en charge.
Plus d’une trentaine de minutes passées devant les pavillons des urgences de cet hôpital suffisent pour réaliser que quelque chose cloche. Les murmures et les gémissements des patients fusent de tous les côtés. Ces patients qui attendent impatiemment leurs prises en charge par le corps soignant décrient toujours la lenteur, le manque du professionnalisme, la corruption et les injustices qu’ils subissent au quotidien par rapport aux comportements de certains agents en service. La plupart des patients interrogés se disent être déçus par le manque d’humanisme de certains agents qui oublient sciemment le serment d’Hippocrate. « Je suis venu depuis 10 heures avec mon frère, il a eu une fracture au niveau de la tête suite à un accident. Mais personne ne s’est préoccupé de sa situation. Il a fallu attendre 12 heures pour qu’un stagiaire vole à son secours. Cependant, il y a des gens qui sont venus après nous mais ils ont été vite pris en charge. Dieu merci, mon frère a reçu par la suite les soins. Mais, je pleure la situation de certaines personnes souffrantes qui sont venues sans leurs parents, ceux-ci se tordent de douleur tout au long de la journée avant d’être pris en charge», nous rapporte Franklin, un garde malade tout furieux devant la pharmacie. Un autre patient dit avoir constaté que dans cet hôpital, ce sont des relations qui priment au détriment de la norme. Il suffit juste d’avoir des relations avec un infirmier ou un médecin de la boîte pour être vite pris en charge. « Je viens d’être rétablis après deux semaines d’hospitalisation mais, j’ai remarqué que pour qu’on s’occupe bien de toi dans cet hôpital, il faut avoir de relations avec le corps soignant. Sans cela, il est possible que tu laisses ta vie là. Ceux qui ont de connaissances, sont traités avec beaucoup d’empressement. Les pauvres n’ont que leurs yeux pour pleurer. Par manque d’assistance, certains patients saignent et tombent dans une anémie sévère. On ne reconnait plus l’hôpital ‘’ Le Bon Samaritain’’ comme l’indique son nom, il faut que ça change », témoigne d’un air fatigué Saleh, à sa sortie de l’hôpital après y avoir passé quelques jours. Plusieurs tentatives d’avoir les avis des responsables n’ont pas abouti. Ils avancent comme motif qu’ils sont occupés.
Le cas de la maternité
Bon nombre de femmes viennent à la maternité pour diverses raisons (consultations prénatales (CPN), les accouchements), etc. Celles-ci disent avoir peur parce que selon elles, en cas d’un retard pendant l’accouchement, les sages-femmes ordonnent la césarienne. « Pour la consultation prénatale, les sages-femmes sont accueillantes mais d’une part si on vient pour l’accouchement, nous rencontrons des problèmes. Pour mon accouchement, j’ai passé des heures à attendre pour que l’enfant sorte en vain ! Les sages-femmes ont décidé de me faire la césarienne. Maintenant, j’ai peur de fréquenter cet hôpital, si je suis enceinte, je préfère aller ailleurs », rapporte Fagara une femme qui a accouché par césarienne.
Et les sages-femmes dans tout ça ?
Certaines sages-femmes que nous avons rencontrées optent pour la défensive. Pour elles, aucune femme n’est passée par la césarienne contre son gré. C’est dû à l’évolution du moment de travail. Si on constate des complications, c’est à ce niveau qu’on envisage l’option de la césarienne. A leur tour, elles accusent et dénoncent le comportement peu orthodoxe de certaines femmes qui refusent des consultations prénatales. « Nous avons juré pour sauver la vie de nos concitoyens, donc nous ne pouvons pas prendre des décisions telles que l’opération césarienne contre leur gré. Beaucoup de femmes ne respectent pas les calendriers des consultations prénatales et c’est ce qui fait qu’on rencontre de sérieux problèmes lors des accouchements » confie une infirmière de l’hôpital Le Bon Samaritain sous l’anonymat.