Déstabilisation de la Transition au Mali : tant que Kati existera…Déstabilisation de la Transition au Mali : tant que Kati existera…

User icon Par Ibrahim Adam
L’entrée du camp militaire malien de Kati. Ph/DR

On connaissait Tombouctou, Gao, Djenné, Mopti,… qui sont autant de villes du Mali, célèbres par la force de leur histoire et l’attrait de leurs sites touristiques. Désormais, il y a aussi Kati, ville garnison située à quelques encablures de la capitale Bamako, qui est en passe d’être pour le Mali, une véritable gangrène dont il a du mal à guérir. Ce Kati-là est en train d’entrer dans l’histoire comme un centre de fabrique de putschistes, d’où partent tous les mauvais coups contre la République.

On connaissait Tombouctou, Gao, Djenné, Mopti,… qui sont autant de villes du Mali, célèbres par la force de leur histoire et l’attrait de leurs sites touristiques. Désormais, il y a aussi Kati, ville garnison située à quelques encablures de la capitale Bamako, qui est en passe d’être pour le Mali, une véritable gangrène dont il a du mal à guérir. Ce Kati-là est en train d’entrer dans l’histoire comme un centre de fabrique de putschistes, d’où partent tous les mauvais coups contre la République. Le dernier en date est celui du 24 mai dernier, qui s’est traduit par l’embastillement des autorités civiles de la Transition que sont le président Bah N’Daw et son Premier ministre (PM), Moctar Ouane, suite au remaniement ministériel qui a vu l’éviction, du gouvernement, de certains membres influents de la junte à l’origine du coup d’Etat du 18 août 2020, qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK). Dans la foulée, Assimi Goïta, le « mal-nommé » vice-président malgré lui de la Transition, qui aurait fait traîner manu militari par ses hommes, le président Bah N’Daw et son PM dans son bureau, a annoncé, le 25 mai dernier, par voie de communiqué, les  avoir « placés hors de leurs prérogatives ».

Un retour à la case de départ qui n’honore pas le Mali

Une volonté de mise à l’écart qui précise les intentions des tombeurs d’IBK, et dont on se demande sur quoi elle va déboucher. La question est d’autant plus fondée qu’elle interroge en même temps sur l’avenir de la Transition. Que va-t-il se passer, au moment où la communauté internationale est dans une logique de condamnation ferme et unanime de ce coup de baïonnette planté par les militaires dans le flanc de la Transition au Mali ? Ira-t-on vers une remise en selle des dirigeants de la Transition pour la mener à bon port comme il en a été au Burkina ? Ou bien cette sortie des militaires scelle-t-elle définitivement le sort du président Bah N’Daw et de son Premier ministre Moctar Ouane ? Dans ces conditions, comment les militaires comptent-ils s’y prendre pour éviter d’être juridiquement rattrapés par les textes si la démission du président de la Transition n’est pas actée ? Autant de questions qui ne devraient pas tarder à trouver des réponses avec le déplacement du médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, qui était attendu  à Bamako, hier, dans l’après-midi. En attendant, c’est un retour à la case départ qui n’honore pas le Mali mais qui a l’avantage de clarifier la situation. En effet, Assimi Goïta et ses camarades ont tombé le masque. Ils ont apporté la preuve manifeste qu’ils ne sont pas là pour le Mali, mais pour leurs intérêts bassement égoïstes. Pour des gens qui se défendaient de toutes velléités pouvoiristes, ils ont fini par apporter la preuve qu’ils ne sont pas des officiers à la parole d’honneur, et qu’ils ne sont pas mieux que des soldats d’opérette venus non pas pour défendre la République, mais pour se goinfrer aux frais de la princesse. C’est à se demander s’ils sont conscients que c’est d’abord et avant tout, les sacrifices du contribuable malien qui les entretient et que c’est à ce titre qu’on leur demande de mouiller le kaki pour les Maliens. 

La communauté internationale doit faire preuve de fermeté

En d’autres termes, ce qu’on demande à Assimi Goïta et ses camarades, ce n’est pas de gérer le Mali, mais d’assurer la sécurité des Maliens et la sécurité de leurs biens, en commençant par  s’illustrer vaillamment sur le théâtre de la lutte contre le terrorisme. Mais, si c’est le précédent tchadien qui leur fait pousser des ailes, alors ils ont tout faux car, sans les absoudre à bons comptes, les  militaires tchadiens, au moins, ont fait la preuve qu’ils savent casser du djihadiste. Ce qui est loin d’être leur cas. Maintenant qu’ils ont osé franchir le… Djoliba au moment où la Transition malienne peinait à trouver son équilibre, Assimi Goïta et ses camarades ont, aux yeux des Maliens et aux yeux de la communauté internationale, perdu tout crédit pour continuer à conduire la Transition. Pire, ils sont la honte de l’armée malienne, si vulnérable et si fébrile face aux terroristes, mais si forte et si prompte à prendre en otage la République dans une lutte impudique pour le pouvoir. Et avec ce qu’ils viennent de poser comme acte, rien ne dit qu’ils tiendront parole quand ils cherchent à rassurer sur la tenue des élections en 2022. C’est pourquoi la communauté internationale doit faire preuve de fermeté en écartant définitivement les militaires de la conduite de la Transition. Cette communauté internationale doit envisager de dures sanctions voire l’isolement à tous les niveaux, aussi bien économique, politique que diplomatique. Car, une transition bancale comme c’est le cas aujourd’hui, ne peut conduire qu’à des élections bancales et faussées, avec les conséquences qui en découleront de source. Et si Assimi Goïta et ses camarades ne sont pas prêts à rentrer dans les rangs, qu’ils assument entièrement leurs actes et leurs conséquences au lieu de chercher à instrumentaliser la Transition pour parvenir à leurs fins.  En tout état de cause, la Transition malienne doit continuer, même s’il se pose la question de savoir si elle peut encore tenir la route. Mais il appartient surtout à la communauté internationale de trouver la formule pour la remettre sur les rails. Sous quelle forme ? On attend de voir.

Le Sahel avec Le Pays Burkina