Dans le désert tchadien: la prison de Koro Toro, la route de la mort ?Dans le désert tchadien: la prison de Koro Toro, la route de la mort ?

User icon Par Ibrahim Adam

Les corps sans vie des prisonniers de Koro Toro ont été découverts sous un arbre perdu dans le désert de Kouba Oulanga, à l’extrême nord du pays. Ils seraient morts de soif après plusieurs jours de marche.

Couchés au sol les uns aux côtés des autres et ensevelis par le sable sous un arbre, quatre corps sans vie des  anciens détenus de la prison de haute sécurité de Koro Toro, ont été découverts par les forces de défense et de sécurité  en début il y a deux semaines. Selon une source militaire, ces prisonniers se sont évadés de leurs cellules au moment de la guerre entre l’armée et les rebelles du FACT dans le Kanem en avril dernier. Une autre source renseigne que les évadés ont tenté leur coup après avoir appris la mort du Président de la République, le Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno. “Ils sont morts de soif et vu la distance parcourue qui est très longue, ils n’ont pas pu atteindre la destination voulue“, renchérit la même source. Probablement, après la marche des longues nuits et des journées dans ce vaste désert, les ex-prisonniers ont trouvé un arbre en plein désert. C’est là où ils auraient décidé de camper et rester pour attendre un miracle. Mais il n’y aura pas de miracle pour eux, car la fatigue, la soif et la faim sur cette terre désertique et austère ont eu raison de leur résistance. C’est le dilemme du Sahara. Pour le moment, l’identité de ces prisonniers n’est pas déclarée.

“Quand on fuit la prison de Koro Toro, la mort est assurée

Située dans l’extrême nord du pays, la prison de Koro Toro est construite en plein désert. Aucune habitation ne se trouve à proximité. C’est impossible pour des prisonniers de fuir cette bagne et avoir la vie sauve. Jamais personne n’a fui cette prison pour traverser à pied le long de ce désert, nous explique un militaire.

Des conditions de détention difficiles

A l’instar d’autres centres pénitentiaires, être prisonnier à Koro Toro semble être une punition extrême vu les conditions d’incarcération expliquées par des anciens détenus. En 2020, des députés et des organisations des défenses des droits humains ont qualifié cette prison, de “mouroir“. Ils ont dénoncé les conditions de détention des prisonniers et surtout le fait qu’ils n’ont pas le droit à la visite. Des “allégations” réfutées par l’ex-ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, le Garde des Sceaux Djimet Arabi, qui a rassuré que le droit de visite n’a jamais été interdit. Il a également expliqué que les prisonniers sont traités dignement, qu’ils mangent deux fois par jour et que c’est l’État qui prend en charge leurs alimentations (nourriture et eau). “Si la situation était si catastrophique que ça, on n’aurait plus personne à Koro Toro. Mais il y a plus de 1 000 personnes qui sont là-bas. Ils sont en très bonne santé, ils mangent tous les jours, deux fois par jour“, avait-il clamé.

Cette prison de haute sécurité est réservée essentiellement pour des bandits des grands chemins, des détenus politiques et des prisonniers accusés de terrorisme.

K.M