Conflit agriculteurs – éleveurs: le brassier tchadienConflit agriculteurs – éleveurs: le brassier tchadien

User icon Par Ibrahim Adam

Les conflits intercommunautaires s’intensifient au Tchad depuis la fin novembre 2020. Le dernier en date du 5 janvier 2021 dans le Mayo-Kebbi Est, précisément à Kim, qui a fait trois morts. L’on dénombre des pertes en vies humaines et des dégâts matériels énormes dans ces conflits. Ce phénomène doit trouver une solution rapide et définitive pour renforcer la cohabitation pacifique.

Les larmes des Tchadiens ne cessent presque pas de couler à cause d’interminables affrontements entre les agriculteurs et éleveurs depuis deux mois. Après les affrontements meurtriers dans la Kabbia, à Kim, dans la province du Mayo-Kebbi Est, ce sont les provinces du Ouaddaï, de la Tandjilé, Salamat, Batha, Sila, Moyen-Chari, Mandoul et du Logone Oriental, etc. qui pleurent leurs morts à la suite des affrontements entre éleveurs et agriculteurs. En moins de trois mois, plus d’une centaine de personnes tuées dans des conflits intercommunautaires et agriculteurs – éleveurs. Rien ne justifie des tels actes qui ôtent le sommeil et le sourire aux Tchadiens. Face à cet état de chose, il serait de bon aloi que les autorités administratives et judiciaires frappent durement pour estomper l’élan de certaines personnes qui quelques fois tirent les ficelles dans l’ombre ou attisent ces conflits. Pour beaucoup, la commission de désarmement mise sur pied par le ministre d’Etat, ministre Secrétaire général à la Présidence de la République pourrait être une des solutions pour contrecarrer ces conflits. Malheureusement, depuis la mise sur pied de cette commission, on ne sent pas son implication sur le terrain.

Les leaders religieux doivent mettre la main à la patte

Suite à ces malheureux événements, le gouvernement doit impliquer encore plus les leaders religieux pour des campagnes de sensibilisation pendant les prières dans les lieux de culte et autres rencontres. Ce sera aussi un moyen efficace dans la prévention de ces conflits. Déjà, la Conférence Episcopale du Tchad (CET), dans son traditionnel message de Noël, a attiré l’attention des plus hautes autorités du pays sur les conflits éleveurs-agriculteurs qui mettent à rude épreuve la cohésion sociale. Selon l’épiscopat, des individus détiennent des armes de guerres et en font usage et interpelle le pouvoir public sur ces faits. A ce jour, l’agriculture et l’élevage, les deux secteurs qui représentaient les mamelles de l’économie nationale sont mis en difficulté du fait de ces conflits récurrents. Les agriculteurs et les éleveurs se regardent en chien de faïence. Ils sont sur le qui-vive et à la première faute d’une de ces parties, ce sont des coups de fusil qui retentissent ou des couteaux de jet, machettes et autres qui s’invitent sur le champ de bataille.
Ces conflits se passent parfois sous l’œil impuissant des autorités locales qui sont incapables de lever le petit doigt pour trouver une solution idoine à cette crise latente. Déjà, le Maréchal du Tchad a reconnu que ces conflits sont le plus souvent entretenus par les commandants de brigades et autres qui sont nommés dans ces différentes localités. Lors de son adresse à la nation le 31 décembre dernier, le Maréchal du Tchad a indiquer ne pas concevoir un tel degré d’animosité de haine entre les communautés. « Rien, strictement rien ne peut expliquer ce déchainement de violences. A cet égard, je tiens à réitérer les fermes instructions données aux ministères compétents pour l’application à la lettre des différentes mesures fortes et énergiques prévues pour faire face aux conflits intercommunautaires », appelle-t-il.

Face à cette pratique, il va sans dire que si le gouvernement ne réprime pas sévèrement ceux qui entretiennent ces conflits à différents niveaux de l’administration, le Tchad, continuera à pleurer ses morts. « L’on doit continuer à sensibiliser les deux communautés et les exhorter à respecter, en ce qui concerne les éleveurs, le respect des couloirs de transhumance afin d’éviter des conflits inutiles. Il est de bon aloi que les autorités locales ou provinciales veillent au grain sur l’application des lois et surtout de faire respecter l’autorité de l’État. C’est à ce prix que ce conflit sera résorbé et les deux communautés réapprendront à vivre comme par le passé », encourage la CET.

S.N