La circulation des gros porteurs à l’instar des camions citernes et des bennes dans la capitale tchadienne en pleine journée, est un réel problème. Les mesures interdisant la circulation des camions dans la ville pendant la journée sont foulées au pied. Conséquences, des accidents de la circulation sont quasi quotidiens dans les artères de N’Djaména.
L’arrêté n°105/M/SG/DUATU/2014 portant règlementation de la circulation des gros porteurs (citernes et bennes) dans le périmètre urbain de la ville de N’Djaména fait interdiction formelle à tout véhicule dont le poids total en charge dépasse 7 tonnes, de circuler à l’intérieur du pays. Les entrées et les sorties de la ville de N’Djaména des véhicules dont le poids total en charge dépasse 7 tonnes ne sont autorisées qu’entre 22 heures et 6 heures du matin et sur présentation de la fiche technique et de l’assurance en cours de validité, aux postes de contrôle de la police municipale de Toukra, Digangali et Lamadji. Pour les entrées dans le centre-ville de N’Djaména de tout véhicule dont le poids total en charge dépasse 7 tonnes, seule une dérogation spéciale délivrée par le maire de la commune de N’Djaména est admise. Mais malheureusement, ces derniers temps, bon nombre des gros porteurs circulent dans la capitale tchadienne en pleine journée. Ceci au vu et au su des forces de l’ordre installées dans les différents carrefours. Cette situation donne du fil à retordre aux usagers qui partent ou qui reviennent de leur lieu de travail. « Personnellement, je n’apprécie pas du tout la circulation des gros porteurs dans la ville de N’Djaména. Puisque ces gros porteurs circulent en plein jour au lieu de 22 heures à 6 heures du matin. Ils ne facilitent pas aussi la circulation. Ils créent d’embouteillages et des accidents souvent mortels. On n’a pas des routes secondaires pour que ces gros porteurs circulent en même temps que les petites voitures telles que les minibus, les taxis, les bus, etc. Je ne sais pas pourquoi la mairie, laisse-t-elle ces gros porteurs circuler dans la journée ? », S’interroge Hassan, un conducteur de mototaxi rencontré au marché central. Un autre renchérit pour sa part que les gros porteurs, les citernes et les bennes sont des véhicules qui doivent normalement avoir leur propre chemin ou voie comme c’est le cas dans d’autres pays.«A défaut de routes construites pour les engins lourds, les gros porteurs circulent sur la même voie et au même moment avec les autres engins», regrette Alladoum, un mécanicien.
Certains usagers ne cachent pas aussi leur colère. « En matière de prise des décisions, nous sommes les premiers. Mais, l’applicabilité pose problème. Vous voyez, la plupart de ces gros porteurs, bennes, citernes, etc. appartiennent aux hauts cadres, militaires de ce pays : les intouchables. Donc, il est vraiment difficile de mettre la main sur ces gros porteurs », nous informe, Serge, un taximan. Célestin, quant à lui, déplore le comportement peu orthodoxe de certains policiers qui admettent les pots-de-vin. « J’ai assisté dans la journée du 21 août 2020 à une scène de corruption dans un carrefour de la place. En effet, les policiers en faction dans ce carrefour, ont intercepté un gros porteur de marchandises, mais le chauffeur de ce véhicule leur a tendu des espèces sonnantes et trébuchantes puis il a continué son chemin », fulmine-t-il.
La justification de la police municipale
Pour le directeur de la police municipale et de la protection civile de la mairie centrale, M. Adoum Hadji Tchéré, le constat selon lequel, la majorité des gros porteurs, des citernes et des bennes circulent dans la journée, est bel et bien réel, mais ce qu’il faut comprendre est que dans toute règle, il y a aussi des exceptions. « Les exceptions sont faites à certaines catégories de produits à savoir les produits périssables, les produits dont l’urgence est signalée à l’exemple des lubrifiants, des produits toxiques qu’on ne peut pas stocker quelque part pour attendre jusqu’à 22 heures. Généralement, ce sont aussi des produits alimentaires de certains hôtels et alimentations de la place. C’est ce qui fait que ces gros porteurs bénéficient d’une dérogation pour circuler dans la journée », précise-t-il. Il souligne que l’état de certaines chaussées et la méconnaissance du code de la route par bon nombre de tchadiens sont aussi à l’origine des embouteillages et des accidents qui sévissent à N’Djaména. « Nous n’avons que quelques axes principaux qui sont bitumés et les gens ne peuvent pas malheureusement contourner ces axes. Tout le monde est obligé d’emprunter les axes principaux. Et nous avons assez d’engins que de routes. Raison pour laquelle, il y a beaucoup d’embouteillages », défend M. Adoum Hadji Tchéré.