Alors que la production de Glencore au Tchad a été largement réduite depuis la mi-avril – officiellement pour maintenance et par manque de personnel du fait de l’épidémie de Covid-19, les échanges entre le trader et le gouvernement semblent être de moins en moins apaisés. Selon nos sources, tous les blocs d’exploration de la filiale de Glencore dans le pays, Caracal Energy, ont expiré en 2019 après que les négociations pour les renouveler ont échoué.
L’une des raisons du manque de bonne volonté pour ce dossier de la part du ministère du pétrole, dirigé par Mahamat Hamid Koua, serait que les Chinois de CNPC sont particulièrement intéressés par la reprise de ces permis situés non loin de la frontière avec la Centrafrique. Glencore, qui tente depuis plus d’un an de se séparer de ses actifs tchadiens en production, n’opère ainsi plus que les licences d’exploitation de Mangara, Badila et Krim-Krim, qui produisaient avant avril quelque 10 000 b/j.
L’arme financière
L’échec sur les extensions de blocs d’exploration a largement contribué à tendre les relations avec l’administration du président Idriss Déby. Or, Glencore dispose d’importants moyens de pression sur le Tchad. Ce dernier lui doit beaucoup d’argent depuis 2014, lorsque Glencore a mis en place un prêt d’1,35 milliard $ – avec l’aide de Deutsche Bank, Citi, ING et Société générale – pour que la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT) puisse racheter les parts de Chevron sur les champs de Doba opérés par ExxonMobil.
Une renégociation sous la pression de l’un des actionnaires de Glencore, Qatar Investment Authority, avait permis en 2018 à la SHT d’obtenir de meilleures conditions de remboursement. La quasi-totalité de la part de la SHT est commercialisée par Glencore, qui ne cesse de consentir des préfinancements. En 2019 encore, Glencore a avancé près de 360 millions $ en échange de la commercialisation du brut du pays, soit à peine moins que les 393 millions $ accordés en 2018.
Source : Africa Intelligence