Amollah Toua Robert Golbey, président du parti MERCI : “Nous ne doutons pas de la bonne volonté du Conseil Militaire de Transition et de son président mais de ceux qui prétendent l’accompagner”Amollah Toua Robert Golbey, président du parti MERCI : “Nous ne doutons pas de la bonne volonté du Conseil Militaire de Transition et de son président mais de ceux qui prétendent l’accompagner”

User icon Par Ibrahim Adam

Élu il y a deux ans président du parti Mouvement pour l’Egalité et le Rassemblement des Citoyens (MERCI), Amollah Toua Robert Golbey, dans un entretien accordé à votre quotidien, relate ici ce dont il s’est attelé à faire durant ces années. Aussi, il est revenu sur la transition en cours pour donner sa vision des choses depuis la mise en place du Conseil Militaire de Transition (CMT).

Il y a deux ans (Ndlr, le 22 février 2020), vous avez été élu président du parti Mouvement pour l’Egalité et le Rassemblement des Citoyens (MERCI). Que peut-on retenir durant ces deux années ?

Merci pour l’intérêt que vous accordez à notre parti. Effectivement, j’ai été élu président du parti Mouvement pour l’Egalité de Rassemblement des Citoyens. En effet, MERCI a été créé en 2016 et a eu son autorisation de fonctionner une année plus tard. Avant que je prenne le destin de ce parti en main, il était totalement invisible sur la scène politique nationale. Après avoir pris les choses en main, notre parti MERCI fait partie des partis vivants qui animent et qui sont actifs sur la scène politique nationale malgré son jeune âge. Bref, cela pour vous dire simplement qu’avant mon arrivée à la tête du parti, il n’existait que sur les papiers. Aussi, nous avons pu organiser un congrès qui a permis de renforcer les organes du parti. Nous avons pris part activement à l’élection présidentielle en appuyant le feu Maréchal Idriss Déby Itno. Au Guéra, nous sommes très actifs, particulièrement dans le département de Garada, chef-lieu de Melfi. Nous sommes vraiment implanté dans la Tandjilé surtout la Tandjilé Ouest, notre fief (les sous-préfectures Baktchoro, Dougou, Bologo, Kélo Urbain et Rural, Bayaka). Nous avons organisé plusieurs activités durant ces deux dernières années. Pendant la Présidentielle, nous avons au moins cinq personnes dans la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).Nous avons aussi pris part au forum national inclusif. Je vous rassure que le bilan est très positif depuis que nous avons repris les choses en main. Aussi, si c’était le décès du président Déby, le bilan allait encore être plus que positif car nous nous préparons à prendre aux élections législatives et communales. Parce que le parti MERCI appuie le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) par son candidat qui est le feu Maréchal du Tchad pour la présidentielle mais que nous allons prendre seul pour les deux élections citées ci-haut. Car, nous étions sûrs de nous, de pouvoir avoir les députés et les maires ou conseillers communaux. Malgré le faux bond de la nature qui a fait que le Maréchal n’est plus, nous sommes sereins, nous gardons le cap sur nos activités sur le terrain.

Après le décès du Président Déby, un Conseil Militaire de Transition, a été mis sur pied. Quel regard portez-vous sur ce conseil et sur ce qui se passe actuellement ?

Nous avons appuyé le Maréchal du Tchad dans sa politique. A l’annonce de son décès, cela nous a un peu déboussolé. Après l’analyse de la situation sur le terrain, nous avons appuyé le Conseil Militaire de Transition (CMT), car nous voulons que cette paix que nous vivons se pérennise puisque tout le monde avait prédit le chao après la mort du président Déby. Et jusqu’aujourd’hui, nous continuons encore à soutenir le CMT par des sensibilisations sur le terrain afin que la transition puisse se dérouler comme il le faut pour nous permettre d’organiser des élections démocratiques, libres et transparentes. Malheureusement, au regard des événements de ces deux derniers mois, nous avons constaté que nous sommes en train de régresser. L’espoir suscité par le Conseil Militaire de Transition, commence a laissé de la place au doute. Nous assistons de plus en plus aux conflits intercommunautaires, aux conflits agriculteurs – éleveurs, des incendies… des interminables accidents de circulation, des règlements de compte, des cas de meurtres et autres incidents graves. Le dialogue national inclusif tant attendu aussi laisse au doute qui plane. Nous constatons donc qu’il y a une catégorie de Tchadiens qui veulent rien que la réussite du dialogue national inclusif et une autre qui pense qu’il ne faut pas qu’il y ait le dialogue car c’est dans ce désordre qu’elle trouve son compte. Cependant, nous ne doutons pas de la bonne volonté du Conseil Militaire de Transition et de son président mais nous doutons de ceux qui prétendent les accompagner dans cette transition. Mahamat Idriss Déby Itno doit tout faire pour écarter certaines personnes qui n’arrangent personne autour de lui. Ce sont ces personnes qui lui donnent de mauvaises orientations, de mauvais conseils car elles ne vivent que du désordre. Pour exemple, le dernier remaniement, nous avons ouïe croire que certains membres du gouvernement qui ne sont utiles en rien doivent partir mais malheureusement, ils sont toujours là. Et certains qui ont fait leur entrée aussi n’ont pas de la compétence requise. Un ministre d’une République doit être un modèle mais malheureusement beaucoup ne le sont pas. Nous espérons que le président du CMT va se rendre compte de cela et corriger très vite les choses.

Pensez-vous que le dialogue national prévu le 10 mai prochain va-t-il avoir lieu du fait que le pré-dialogue des politico-militaires tardent toujours ?

Au regard de tout ce qui se passe, je pense que le 10 mai est très proche pour tenir un dialogue véritablement national et inclusif. D’abord, les pré-dialogues dans les provinces n’ont pas donné les résultats escomptés. Le dialogue en question a été reporté une fois déjà à cause du pré-dialogue des politico-militaires qui, lui aussi, a été reporté pour ce 13 mars 2022 avec un doute et une incertitude qu’il y ait lieu à la date prévue. Puisque, le, comité a été modifié au dernier moment. Certains chefs rebelles n’ont jusque-là pas donné leur position exacte de prendre ou pas part audit dialogue. Et le président du Conseil Militaire de Transition ne veut aucune exclusion. Du coup, il faut avoir l’accord de tous les chefs rebelles. Aussi, un autre fait est qu’en mai, nous sommes déjà à la saison des pluies, du coup, certains auront du mal à venir à N’Djaména même si on nous dira que c’est encore le début de la saison. En clair, il faut une consultation de toute la classe politique pour redéfinir la date du dialogue c’est aussi cela son caractère inclusif.

Quelle analyse faites-vous de la situation sociopolitique et socioéconomique du Tchad depuis la mise en place du Conseil Militaire de Transition ?

Comme nous l’avons dit, la mise en place du CMT a nourri tant d’espoirs pour tout le peuple tchadien malgré quelques doutes qui n’ont pas eu à créer des problèmes aussi graves que cela. Cependant, il faut noter que plus de six (6) mois après la mise sur pied du CMT, certaines choses ne passent pas comme nous l’avions tous souhaité. Nous allons de crise en crises : les conflits intercommunautaires presque généraux dans le Tchad avec leur corolaire des morts d’hommes. L’exemple de Faya, d’Abéché et de Sandana sont révélateurs de ces crises que nous vivons. Il faut donc une vigilance croissante pour éviter certaines choses. Parlant de la situation socioéconomique, les incendies font rage ces derniers temps et surviennent presque chaque jour soit dans les marchés à N’Djaména ou dans les provinces. Le panier de la ménagère n’a toujours pas eu de solution car la hausse des prix des denrées sont là ! Toutefois, nous notons quelques progrès en ce qui concerne les infrastructures. Certains chantiers des routes sont relancés, ce qui va permettre d’absorber quelques diplômés sans emploi. Pareil pour les chantiers ici à N’Djaména qui ont aussi repris. Tout ceci, est une lueur d’espoir pour nos frères diplômés sans emploi. Que le recrutement débute, c’est important pour tous les Tchadiens. Pour conclure, que les Tchadiens aient un esprit de développement et non de destruction, et tout ira mieux pour tout le monde. Voilà un peu ce que nous pouvons dire de la transition.