1990-2020 : Un leadership à la loupe1990-2020 : Un leadership à la loupe

User icon Par Ibrahim Adam

L’Histoire juge les hommes d’Etat à l’aune de leur apport dans une situation donnée. Trente ans. Quatre mandats. Et un pays complètement transformé. Transfiguré. Pas nécessaire d’égrener ici la longue liste des réalisations ou des chantiers en phase de réalisation. Non, il s’agit de décrypter les grandes lignes d’unleadership dont l’ambition ultime a été d’inscrire le développementnational dans le contexte régional et continental.

Lecture d’un leadership. Car il ne faut pas avoir peur des mots : le Marechal du Tchad, Idriss Deby Itno a innové dans la manière de gouverner. Résultat d’une politique… Celle d’une vision sociétale qui couvre jusqu’à l’an 2030 prise en compte dans le PND 2017-2021. Avant toute lecture, il faut revenir à la donne du départ. Comment se présentait le Tchad en 1990 ? Sur le plan politique comme au niveau économique et social ?

Cette rétrospective s’impose pour mieux « lire » les lignes forces d’un leadership que nous avons dit placé sous le signe de la Réforme et du changement. Car toute analyse se base sur des faits concrets, une réalité tangible. Pour évaluer un leadership, il importe de revenir sur la situation de départ… Comment le Tchad se présente après 30 ans de liberté et de démocratie?

Au préalable, évacuons d’ores et déjà une polémique insignifiante… Il ne s’agit pas ici de comparer de règnes ou de régimes même si cela est inéluctable. Mais plutôt de mesurer, d’apprécier et de commenter l’apport inestimable d’une approche qui a donné de l’envergure à l’espérance de ce pays de s’asseoir sereinement à sa place dans le concert des Nations.

Le pacte républicain qui lie une société à ses dirigeants, des administrés aux « administrants », des citoyens à leurs élus ; ce pactes’est retrouvé revigoré, renforcé et redynamisé. Et cela en dépit d’une frange des tchadiens qui, obnubilés par des intérêts personnels ont essayé de remettre en cause la marche démocratique des affaires de l’Etat. Et fermons la porte au nez de ceux qui de l’étranger fomentent des coups foireux contre les institutions publiques.

Retro pour mieux lire… En 1996, la République du Tchad était sous ajustement structurel. Les institutions de Bretton Woods étaient à son chevet pour lui administrer une cure salvatrice. En effet, l’endettement intérieur et extérieur avait vulnérabilisé le système socio-économiquedu pays.

Sur le plan politique, le pays émergeait de l’instauration d’un multipartisme limité à plusieurs partis fragilisait quelque peu les institutions. La pauvreté, le chômage (et leur corollaire la délinquance juvénile) laminaient les couches vulnérables. La stagnation pour ne pas parler de recul ou dedéclin économique était tellement prégnante que beaucoup de nosconcitoyens tendaient les oreilles à des « sirènes défaitistes ».

Les grèves dans l’enseignement, la crise d’un système éducatif obsolètetant dans son fonctionnement que dans ses finalités. Et par conséquent, le découragement des enseignants, du personnel administratif et des principaux bénéficiaires ; à savoir les élèves. Et de l’autre côté, la déficience de l’infrastructure sanitaire, dépassée par la demande et lesmaux multiformes. La fuite des cerveaux avec une émigration qui ne concerne comme par hasard que les têtes bien formées. Un investissement dans le facteur humain que personne ne nous remboursera.

L’absence d’opportunité pour les jeunes dans cette société arrivée au bout de son modèle de développement. Quand on sait que la jeunesse est le moteur de toute croissance économique, on se rend compte que le pays était confronté à une situation de blocage. En effet, tout cela s’imbriquait à l’orée de l’an 2000 pour faire du Tchad un pays guetté par l’implosion sociale. Pour la petite histoire, rappelons aussi, à l’orée de cet an 2000, cette frayeur collective et mondiale relative à un « bug » des réseaux informatiques et télécommunicationnels… Rien n’enfut et le bit mène le monde depuis.

Au niveau de la sous-région, le Tchad se débattait dans une zone de turbulence sans fin, aggravée par des troubles en RCA, au Darfour et les actes terroristes de la secte Boko Haram.

C’est une région en recomposition. Ainsi, il y avait des incertitudes sur le plan intérieur. Des dysfonctionnements internes dans un système dont des pans entiers étaient frappés d’obsolescence. Et des turbulences auniveau de la région… Voilà, en gros et schématiquement, la description de la situation.

Sans prétendre à l’exhaustivité, nous allons retenir que cet aperçu d’un inventaire dont les Historiens se chargeront d’élaguer. Aujourd’hui, quel constat établir ? Ou plutôt quels ont été les axes du programme politique du Président de la République ? Quelles sont les mesures phares de la « Vision 2030 » ? … L’avènement d’un Tchad qui émerge.

Un programme politique s’articule sur des idées forces.

En effet, ce sont les constantes d’une politique, les redondances dans le discours et dans les faits des idées qu’il importe de mettre en exergue. Et l’observation de l’action inlassable du Chef de l’Etat sur le terrain permet desynthétiser ce programme en quelques priorités fondamentales.

Restructuration de l’appareil économique et infrastructurel. L’économie tchadienne et plus précisément ses structures de production avaient atteint leur limite sur le plan rendement. Il a fallu engager une réforme audacieuse et réorienter ses entités vers des nouveaux objectifs et avec des nouvelles consignes. Compétitivité pour une meilleure productivité et esprit d’innovation. Investissement massif sur les moyens de faire de la République du Tchad, un hub multimodal du transport en Afrique centrale. Aéroports et rails (en projet) se combinant pour fluidifier le trafic des biens, des services et des êtres dans cet ensemble régional.

Par ailleurs, il a fallu rendre attractif le Tchad en tant que place financière. La confiance des investisseurs étrangers s’est concrétisée par l’arrivée et l’installation massive des institutions financières et commerciales en terre tchadienne. Par ailleurs, d’autres institutions de financement lorgnent avec enthousiasme le Tchad considéré à juste raison comme le Portail idéal pour faire des affaires dans la zone CEMAC. Et il y a les avancées notables advenues dans le secteur énergétique. Ces acquis subséquents des chantiers engagés très tôt sont entrain de générer une autonomie énergétique salutaire. Salutaire parce que l’économie nationale était pris en otage par la forte dépendance dupays en hydrocarbures. Plus globalement, l’économie tchadienne a renoué avec la croissance.

« Le génie d’un homme d’Etat, c’est de susciter un mouvement irrépressible derrière lui et de renverser les obstacles pour réaliser le rêve en commun », disait-on. En 30 ans de gouvernance, beaucoup d’obstacles ont été renversés… Et le rêve en marche. Voilà, en condensé, les observations générales d’une politique étalée sur quatre mandats. Une sorte de bilan en somme pour cet homme qui n’a lésiné ni sur ses moyens personnels ni sur les outils que la République lui avait fourni… pour faire du Tchad un pays en phase avec le reste du monde. Un pays sorti du néant pour devenir un acteur incontournable dans la sphère de la géopolitique et stratégique mondiale.

IAM